• Intra-muros

     

    Intra-muros

     

    Intra-muros

     

     

     
     
     
    Hein, hmm... heu... qu'est ce qu... bon di... hein ! qu'est ce qui m'ar... Putain, qu'est ce qui se passe, j'arrive pas à respirer, ça passe pas, l'air passe pas ! JE N'ARRIVE PAS A RESPIRER ! j'étouffe ! A l'aide, A l'AIDE ! Ahhh ! Mon dieu qu'est ce qui m'arrive, aucun son ne sort ! Allez, je vais bien réussir à crier... humph ... ça fait mal à la gorge... Allez ! un son au moins... ahhh, merde ! merde ! merde ! qu'est ce que c'est que ce bordel ! qu'est ce que c'est que ce cauchemar ? je vais me réveiller ! J'étouffe ! Je veux pas mourir ! A L'AIDE ! oh non ! à l'aide... Pourquoi tout est noir autour de moi ? Il faut que je bouge, que je me tire de là... veux pas crever... Mais... ahhh, non ! je délire ou quoi ? ça n'est pas possible ! pitié ! je n'arrive pas à bouger !... mais ça va s'arrêter à la fin ! qu'est ce qu'il se passe ? bon dieu.... Allez faut que je force, l'air va finir par passer... oh, putain, à l'aide, j'ai mal... à force d'appeler de l'air... je.... ah... j'étouffe... mal à la poitrine... j'arrive pas à bouger, j'ai mal aux bras... pitié, bon dieu, pitié ! je ne vais pas crever comme ça sans rien faire ! Je dois pouvoir faire quelque chose... allez ! réfléchis... réfléchis... rrraaahhh, je ne peux pas non plus bouger mes jambes, ni ma tête, rien, je suis complètement bloqué... C'est bizarre cette pression que je sens partout sur mon corps... je n'y comprends rien, qu'est ce qui se passe ?... mais qu'est ce qu'il se passe à la fin... Attends... on se calme... on se calme... je devrais être déjà mort là... ou du moins en train de convulser à cause de l'étouffement... pourquoi je reste vivant ? Normalement on meurt vite sans air... qu'est ce qu'il m'arrive ? je ne meurs pas ?... mais cette impression d'étouffer... j'ai pas d'air, mon dieu pas d'air, mais pourquoi je reste en vie alors ?



    - 2 -



    « Aucune trace ?

    - Non, ni de poison, ni de drogue.

    - Pas de marque de violence physique non plus ? de coups ?

    - Bien sûr si on excepte la décapitation, il n'y à pas d'autre trace d'agression physique.

    - Bon... vous êtes sûr ? D'après votre analyse du corps, vous pouvez m'affirmer qu'elle était en pleine possession de ses moyens au moment du... de... enfin je veux dire, quand elle à eu la tête coupée ?

    - Ca fait déjà un petit paquet d'années que je suis légiste, et d'après ma connaissance et les examens que j'ai réalisés, ceci est ma conclusion, en effet.

    - Bon et bien, merci alors, gardez le corps de côté jusqu'à demain avant de le rendre à la famille, je vais passer à la maison des Duvals, on ne sait jamais, j'aurais peut être besoin de voir des choses en plus après.

    - D'accord Monsieur Kerll, je le remettrai à la famille si vous n'êtes pas passé avant demain matin.

    - C'est bien ça. Au revoir »

    Il mit ses mains dans les poches de sa veste beige, fit demi-tour, la tête entre les épaules, l'air un peu bougon. Discrètement il jeta un petit coup d'œil aux pieds qui dépassaient de sous les couvertures blanches : marrant cette manie qu'on ceux des morgues à laisser les pieds dépasser ! ils veulent économiser en porte-étiquettes ? les draps sont peut être trop courts ? ou alors les légistes fantasmeraient-ils sur les pieds ? hé hé ! Bah, je serais quand même curieux de savoir ce qui les motive à faire ce métier quand même. Enfin... j'ai assez de questions à répondre tous les jours quitte à m'en poser en plus.

    Philippe Kerll était inspecteur à Barelot depuis deux ans maintenant : Il n'avait rien contre le fait de venir s'installer plus au calme, dans les alpes, et comme il y avait une place vacante, il avait décidé d'y venir s'y installer. Il était célibataire à l'époque, aujourd'hui cela n'avait pas beaucoup changé, même s'il avait deux ou trois petites amies, il n'arrivait pas à se fixer sur une : L'idée de partager sa vie avec une autre personne l'effrayait, il préférait rester seul, et continuer à son aise à profiter de cette situation. Il avait maintenant 31 ans, il en paraissait un peu plus, car il se laissait toujours une barbe naissante lui donnant un côté un peu baroudeur. Il était brun, de taille moyenne, ni gros ou maigre, et n'était pas spécialement musclé : Il préférait rester comme il était, il ne voyait pas d'avantages à travailler plus son physique : « boh ! Je plais déjà comme ça, pourquoi j'irai me fatiguer plus ! ».

    Philippe sortait lentement de la morgue, toujours avec son air un peu ronchon : non pas par colère, mais plutôt dû aux engrenages qui tournaient à plein régime dans sa tête. Il avançait vers sa voiture toujours complètement absorbé dans sa réflexion : pas de drogue, ni poison, elle était en pleine possession de ses capacités physiques quand c'est arrivé... D'ailleurs vu qu'entre le coup de fil et l'arrivée du policier il n'y avait eu que dix minutes, l'empoisonnement était peu probable, comment se faisait-il donc que tout était en ordre dans la maison ? elle s'était laissée tuer sans se débattre ? Pourquoi n'à t'elle pas utilisé le couteau qu'elle avait à la main ? C'est sûr, pour qu'une chose pareille arrive, elle connaissait son meurtrier... son mari, ce ne peut être que son mari... J'en reviens toujours à lui, ce n'est pas sur ce coup là que je trouverai quelque chose de surprenant, même les collègues ont pensé tout de suite au mari... Et ces empruntes fraîches sur le manche de hache, ils les ont comparé avec celles supposées de Marc, trouvées sur ses affaires personnelles et partout dans la maison, et cela correspond bien... Eh bien ! je ne pense pas pouvoir faire bien des miracles sur cette affaire là...

    Philippe monta dans sa voiture, claqua la porte, posa ses mains sur le bas du volant, ferma les yeux, tête baissée, et poussa un soupir : il devait aller rejoindre le policier qui était de garde pendant la nuit du meurtre. Il l'attendait à la maison des Duvals pour qu'ils passent en revue ensembles le lieu du crime. Bah, j'y crois pas trop, mais bon, peut être pourra-il mettre le doigt sur un point que j'aurais oublié... Enfin bon ça m'étonnerait. Il rouvrit les yeux, démarra la voiture, et pris la direction de la maison des Duvals.



    - 3 -



    Qu'est ce qui m'arrive ? mais qu'est ce qui m'arrive ? Je suis mort ? C'est ça être mort ? hmm, je ressens quand même comme une pression sur tout mon corps.... Mais bon, d'un autre côté je ne le vois pas... même pas mon nez, alors est ce que j'ai encore un corps ? Si j'avais été enterré vivant, je serais mort étouffé depuis longtemps, même si ça y ressemble, je reste vivant.... enfin, du moins, ça en à tout l'air. Je suis peut être en train de cauchemarder, et je vais me réveiller dans mon lit, auprès de Carole... mais Carole était... je... c'était réel ça pourtant : les bruits dans la maison, on s'était levé, puis les voix, elles déblatéraient sur Nicolas, oh mon dieu Nicolas... et la hache... Carole... mais, je ne l'ai pas tuée quand même ! Tout c'est passé si vite, je voulais juste défoncer la porte d'entrée pour qu'on s'échappe de là... Je l'ai vu, cette ombre qui à ouvert la porte juste à ce moment là... Mon dieu, Carole... sa tête qui roulait sur le sol, tout ce sang, partout, tout ce sang... oh, non ! Et Nicolas, mon petit Nicolas.... il est mort comment alors finalement ? peut être à t'il vécut le même cauchemar que nous... du moins c'est ce qu'avait l'air de dire la voix cette nuit là. Non, pas possible, tout cela n'est qu'un cauchemar, ils ne sont pas morts, je vais me réveiller ! Hmm... et si... peut être que... je suis peut être dans le coma ? Oui, bien sûr ! Je suis dans le coma, c'est sûr ! c'est cela ! Ce ne peut être que cela, et là je reprends conscience petit à petit ! J'en suis sûr maintenant, c'est limpide. Je ne me rappelle pas d'avoir eu un accident, mais ça va me revenir, allez... ça va me revenir ! il faut que j'essaie de bouger, je vais bien réussir à ré-émerger, je vais bien réussir à me sortir de là.



    - 4 -



    Philippe arrêta la voiture dans la petite cour de la maison des Duvals. Alain Tesnal, policier qu'il connaissait depuis son arrivée à Barelot, se tenait debout devant l'entrée. En voyant la voiture arriver, il descendit les marches du perron et se dirigea à la rencontre de Philippe.

    « Salut Alain, comment va ?

    - Salut Monsieur Kerll ! Bah ! on fait aller, j'aime pas trop les histoires de meurtres, mais bon, ça fait partie du métier ! »

    Il se serrèrent la main, et se dirigèrent à pas lents vers la maison.

    « C'est vrai qu'il n'y en à pas des masses dans le coin, c'est une petite ville.

    - Espérons que ça reste rare !

    - Sans vouloir paraître cynique, s'il n'y avait pas de violence, de meurtres, de vols, moi en tant qu'inspecteur, je me retrouverai sur la paille !

    - A choisir, je préférerai vous voir sur la paille que de voir des têtes coupées comme j'ai pu voir il y a deux jours en arrivant ici.

    - Justement, je serais très curieux que vous me dites ce que vous avez vu et entendu exactement cette nuit là.

    - D'accord. »

    Ils montèrent l'escalier, ouvrirent la porte d'entrée, puis tout en restant sur le palier, le policier reprit :

    « Donc voilà : Quand je suis arrivé, j'ai garé ma voiture dans la rue, assez loin pour ne pas faire de bruit, je voulais éviter tout problème : L'appel téléphonique de la femme indiquait qu'il y avait « quelqu'un dans la maison », j'ai préféré éviter de faire le chien dans le poulailler, on ne sait jamais quel peut être la réaction de l'agresseur dans ces cas là. Une fois passé le côté de la maison, j'ai vu que la porte était ouverte, toutes les lumières étaient allumés. Je ne voyais pas encore le corps d'où j'étais, mais j'avais sorti mon arme, je n'étais pas très rassuré. Puis quand je fus un peu plus devant l'escalier de l'entrée, j'ai vu le corps. J'ai préféré faire le tour de la maison avant d'entrer pour... Ah, c'est vrai que là, j'ai entendu un peu de bruit.

    - Ah bon ? je ne le savais pas. D'où venait le son ?

    - Ca venait de la cave, du moins ça en avait l'air.

    - Quel genre de son étais-ce ?

    - Hmm, un genre de « blop », un peu comme lorsque vous faites cuire de la confiture dans une casserole.

    - Ca a duré longtemps ?

    - Non, du tout, j'ai entendu cette espèce de « blop » deux ou trois fois de suite, puis plus rien.

    - D'accord, bon allons y jeter un oeil. »

    Il passèrent le perron, entrèrent, puis descendirent l'escalier de la cave. Philippe réfléchissait, puis subitement lança :

    « Les canalisations ?

    - Oui peut être, vous savez, je n'ai rien remarqué de bizarre dans cette cave.

    - De vers où ça venait d'après vous ?

    - De la buanderie, là. »

    Ils fouillèrent la pièce pendant une demi-heure. A part quelques touffes de poils noirs qu'ils identifièrent comme des poils de chat, ils ne trouvèrent rien d'autre de notable.

    « C'est flippant quand même, il y à un peu plus de deux semaines de là, la femme avait découvert son enfant mort au bas de l'escalier.

    - Ouais, hmm, vous savez Alain, à mon avis, c'est le mari.

    - Ah ! vous êtes d'accord avec moi alors, je pense la même chose.

    - Sinon de toute manière, si ce n'était pas lui, alors où est-il passé ? Les gens ne se volatilisent pas comme ça sans raison ! J'en suis quasi sûr, c'est lui qui l'à tué : encore un qui a pété les plombs quoi.

    - Vous allez faire quoi alors.

    - Eh bien on le cherche. Et si on ne le trouve pas et que je ne trouve pas d'autres pistes, alors on redonnera accès libre à la maison et on mettra l'affaire de côté en attendant du nouveau, en espérant qu'on le retrouve un de ces quatre. »

    Il remontèrent l'escalier, continuèrent à fouiller la maison. Une heure plus tard, faute d'avoir trouvé du nouveau, ils s'en allèrent, Philippe pensant déjà à passer très vite à d'autres choses.



    - 5 -



    « Bonjour Marc »

    Hein ? Qu'est ce que c'est ? Une voix ? Oui, une voix ! Je ne sais pas d'où ça vient... mais... c'était une voix ! Sûrement un médecin ou quelqu'un d'autre qui essaie de communiquer avec moi... Humph ! j'arrive toujours pas à parler, bordel ! Je vais rester dans cet état là pendant combien de temps à la fin ?

    « Tu es sûr d'être dans le coma ? »

    Quoi ? j'ai rien dit ! C'est quoi cette voix ? Je perds les pédales ! C'est dans ma tête que j'entends des voix, là.

    « Oui si tu veux, dans ta tête.

    - Hein ?... heu... bonjour...

    - Bonjour Marc.

    - Vous m'entendez ?

    - Comme tu peux le constater, oui. »

    Hé hé, ça n'est pas possible, j'entends des voix, et celle que j'entends me répond en plus !

    « Je ne suis pas une invention de ton esprit. Je me suis juste collé tout prêt de toi, si près que je suis un peu dans ta tête, mais je ne suis pas toi.

    - C'est ça oui, c'est fantastique !

    - Tu ne devrais pas te moquer de moi comme ça.

    - Oh ! Bon, comme vous voulez... Comme tu veux ! Après tout, ça me fera une compagnie au moins ! Tu es qui alors ? Ma conscience ? Mon coté sombre ? Mon « moi » refoulé ?

    - Celui qui a tué ton fils et ta femme.

    - Quoi ?

    - Tu crois que ton fils est mort paisiblement ? Et pour ta femme, la porte, elle s'est ouverte toute seule peut être ? Apprécie quand même la coordination qui m'a été nécessaire pour que la hache parte en rebond sur la porte. Je ne savais pas comment elle allait rebondir, mais bon... ça a dépassé mes espérances : couic ! plus de tête !

    - Raah ! Arrête tout de suite ! je sais que ça n'est pas vrai !

    - Ca ne te paraissais pas trop réel pour être un rêve ?

    - Tais-toi... tais-toi si c'est pour me dire ce genre de trucs !

    - Tu es sûr que tout cela n'est que du rêve ? Même si tu étais dans le coma, qu'est ce qui te garanti que tout cela ne s'est pas passé avant ?

    - Je ne veux pas croire que cela soit réel, c'est ma tête qui déraille et qui m'a fait rêver tout ça !

    - Ah bon, tu dérailles ? Alors peut être est-ce toi qui les as tués ? »



    - 6 -



    « Je suis triste aussi, mais on ne fera jamais revenir notre sœur de toute façon.

    - Elle venait d'avoir trente deux ans, si jeune... Eh puis... oh tu sais, elle me manque déjà tant.

    - A moi aussi Marie, à moi aussi tu sais »

    Ils étaient assis tous deux à un coin de la table de la cuisine, chez Marie qui avait invité son frère, Pierre, à venir prendre le café. Ils se voyaient souvent depuis la mort de leur sœur : Se voir leur permettait de s'entre soutenir, d'arriver à contenir un peu mieux la peine qu'ils éprouvaient.

    Marie saisit sa tasse, l'amena à sa bouche, et bu lentement, les yeux à demi clos, plongée dans ses pensées.

    Pierre, regardait un peu par la fenêtre, cherchant à ne pas peser de son regard sur sa sœur. Il porta la cigarette à sa bouche, aspira lentement, repris une gorgée de café : sa tasse était maintenant vide. Il écrasa sa cigarette qui était consumée jusqu'au mégot. Il pensait maintenant à retourner chez lui.

    Marie rouvrit les yeux, et regardait son frère fixement. Il sentait qu'elle cherchait ses mots.

    - Pierre, qu'est ce qu'on va en faire ?

    - De quoi ?

    - De la maison de Carole ?

    - Oui, c'est vrai qu'elle en avait hérité de nos parents.... C'est quand même la maison où l'on avait grandit tous les trois...

    - Oui c'est vrai. J'aimais aller prendre le café chez Carole depuis le décès de nos parents : à chaque fois je me rappelais notre enfance.

    - Tout était si simple à cette époque.

    - Si tranquille.

    - Oui... Tu serais intéressé par la maison, Marie ?

    - Disons que j'ai déjà la mienne, donc... à part d'un point de vue affectif, ça ne m'intéresse pas, non.

    - De mon côté pas trop non plus, j'ai déjà la mienne, et je n'ai pas tant d'argent que ça, et avec les droits de succession.... Ca ne serait pas évident.

    - Bon, Pierre, qu'est ce qu'on va faire alors ?

    - Franchement ? Je ne sais pas trop encore... Tu veux qu'on la vende c'est ça ?

    - Oui.

    - Pfff, pas évident quand même comme idée. Ecoute Marie, il faut que j'y réfléchisse, on en reparle demain, d'accord ?

    - D'accord. »



    - 7 -



    « Je ne pourrais jamais faire ça !

    - Exact, c'est moi qui ai causé tout cela, qui ai provoqué leur mort. Tu veux toujours croire que je suis une voix dans ta tête ? Dans ce cas là tu es le meurtrier aussi alors ?

    - Heu... non... mais je... je... je m'en fou ! Arrête de parler, saleté de voix ! Fous-moi la paix à la fin.

    - Sûrement pas. Et tu commences à m'énerver avec ton histoire de coma : Je suis là, je peux te dire que ta femme et ton fils sont morts, et que toi tu n'es pas dans le coma.

    - Et je suis où alors ?

    - Oh, ça... tu n'as pas trop à le savoir, disons que je t'ai bien caché. Tout le monde croira que tu as disparu.

    - Arrêtes de divaguer ! Tout ça ne rime à rien, tout ce que j'ai à faire c'est de faire des efforts, et d'attendre, je vais bien finir par émerger et me retrouver dans un lit d'hôpital, alors arrêtez avec vos conneries !

    - Bon... TU COMMENCE À M'ENERVER ! Tu ferais mieux d'être plus sympathique avec moi.

    - Allez vous faire...

    - Tu va arrêter ça tout de suite !

    - ...

    - Tu ne veux plus répondre ?

    - ...

    - Mais vous êtes tous pareil ! JE VOUS HAITS, JE VOUS HAITS TOUS, VOUS ALLEZ TOUS MOURRIR !... Et toi TU VA ME PARLER !

    - ...

    - Tu crois toujours être dans le coma, c'est ça ?

    - ...

    - Tu sais que tu ne sortiras jamais de là ? Et tu ne mourras pas non plus, ce que je te réserve est bien pire que la mort, c'est de rester comme ça éternellement.... alors tu ferais mieux de me parler, sinon tu resteras en prime, pour toujours, dans le silence.

    - ...

    - Oooh, vous êtes tous pareils ! J'ai bien raison de vouloir tous vous tuer, vous le méritez bien, vous ne vous êtes pas améliorés avec le temps.

    - ...

    - Tu crois que je bluffe alors ? »



    - 8 -



    « Elle vous plait alors ? »

    Le promoteur, les mains serrées l'une dans l'autre, se tenait droit, balayant du regard la famille qui se tenait devant lui. De gauche à droite, de droite à gauche, les mains toujours jointes, pendu aux lèvres de ses possibles acheteurs. Voyant que le père de famille, Olivier, allait parler, son regard s'arrêta sur lui.

    « Elle semble intéressante en effet.

    - C'est une affaire vous savez »

    Olivier se tourna vers sa femme, cette dernière était plongée dans ses pensées. Elle eut un petit mouvement de surprise quand Olivier s'adressa à elle.

    « Corinne, tu en penses quoi alors ?

    - Ben... oui elle est bien c'est vrai... mais

    - Je commence à travailler dans trois semaines ici, on ne peut pas traîner éternellement pour acheter une maison... Ca fait quand même déjà un mois qu'on cherche.

    - Oui, elle me plait aussi, mais tu te souviens de ce matin, quand on était chez l'épicier, ce qu'il à dit. »

    Le promoteur compris tout de suite de quoi elle voulait parler : les ragots sont allés bon train. Que le fils soit mort, cela passait encore, mais la femme assassinée, et le mari qui avait pris la fuite, toujours introuvable... De toute façon je ne pourrais pas leur raconter de mensonges là dessus se dit il, Il vaut mieux que je joue franc jeu, j'ai plus de chance de les amadouer sur le sujet si je relativise la chose.

    « Je vois que vous êtes au courant madame Fayard.

    - Oui ce matin, un commerçant nous a parlé de l'histoire de cette famille.

    - C'est triste en effet, mais bon, vous croyez aux fantômes vous ? Parce que j'ai l'impression que les gens dénigrent cette maison. Bon, certes, le mari à assassiner sa femme, du moins ce fut le résultat de l'enquête : on a toujours pas retrouvé le mari. Mais bon, soyons sérieux, cette maison est en bon état, et en plus je peux vous garantir qu'elle est moins chère que les autres, on a volontairement fait baisser le prix, par rapport à cette histoire.

    - C'est vrai qu'elle n'est pas chère.

    - Alors... profitez-en ! Vous venez de Paris c'est bien ça ? Bon je vais vous dire un truc : ici on est à la montagne, les gens sont peut être un peu superstitieux. Mais vous, vous l'êtes ? Parce que si ça n'est pas le cas, vous avez une bonne affaire à faire là ! »

    Olivier et Corinne se regardèrent, puis dirigèrent leur regard vers leur fille, Emilie, qui, du haut de ses sept ans, se tenait à côté d'eux, écoutant tranquillement la conversation.

    « Tu en penses quoi Emilie ?

    - Moi, j'aime bien ! Et puis il y a un grand jardin !

    - Bon écoutez Monsieur, on est intéressé. Qu'en penses-tu Corinne : on se donne jusqu'à demain pour réfléchir encore un peu ?

    - Oui, c'est sûr, il faut qu'on en parle encore un peu.

    - Et puis on vous appelle... donc demain normalement, pour vous donner notre réponse. »

    Le promoteur éprouva une grande joie, mêlée d'un grand soulagement : Il allait sûrement la vendre ! Il n'y croyait pas, avec tous les ragots qu'il y avait sur cette maison, il désespérait de trouver un acheteur... Finalement il avait réussit, il se félicita intérieurement d'avoir réussit aussi habilement à les convaincre.

    « Alors, eh bien monsieur et madame Fayard, j'attendrais votre coup de fil. »



    - 9 –



    « Tu te crois malin à ne pas me répondre ?

    - ...

    - Tu sais, je peux faire ce que je veux de toi.

    - ...

    - Tu ferais mieux de céder et de me parler. Je veux qu'on parle, je veux que tu me parles, je veux pouvoir discuter avec toi, je veux que tu me racontes tout ce que tu sais, tout ce que tu connais.

    - ...

    - Tu ne me prends toujours pas au sérieux ? Tu veux décidément que le sort déjà sombre que je te réserve soit encore pire ?

    - ...

    - Vraiment ?

    - ...

    - Tu sais j'ai un petit creux !

    - Quoi ?

    - Ah, tiens, tu parles de nouveau ? Mais bon, j'ai vraiment un petit creux maintenant, désolé mais tu m'à énervé, et ça m'à ouvert l'appétit... ça t'apprendra, toi et les autres vous ne méritez pas mieux de toute façon.

    - Quels autraaaaAAaaaAAAAAAAHHHHHHH ! »

    Marc senti soudain une douleur fulgurante lui provenant de la jambe gauche. La douleur enveloppait son pied et son mollet. Celle-ci, atroce, semblable à la brûlure d'un acide, imprégnait sa chair. Elle grandissait, pénétrait de plus en plus profond. Elle devenait aveugle, insupportable, il avait l'impression que cet acide, ou du moins ce qu'il ressentait tout comme, dissolvait sa jambe. Pire, ne voyant rien, il ne pouvait ne ressentir que la douleur : est-ce que sa jambe était vraiment en train d'être mutilée ? qu'est ce qui lui était fait ? La douleur physique qui le percutait se mêlait à celle de ne pouvoir identifier ce que son corps subissait, et d'être impuissant face à son tortionnaire. Puis, un bruit de succion se fit entendre, Marc ressentit comme une ivresse le gagner. Il sentait ses chairs aspirées... bon dieu, il était en train d'aspirer sa jambe ! Il sentait l'étourdissement grandir, que sa conscience l'abandonnait, les sons se déformer, l'ivresse augmenter... puis perdit conscience.



    - 10 -



    Les déménageurs avaient maintenant tout emporté dans le camion, et s'en était allés. Il leur fallut ensuite tout l'après midi pour finir de nettoyer de fond en comble ce qui devenait du coup leur ancien appartement : Ils l'avaient en location depuis bientôt trois ans et cela leurs fit un petit pincement au cœur de devoir le quitter après voir vécu trois années de leur vie dedans. La femme de l'agence passa comme prévu en toute fin d'après midi pour effectuer l'état des lieux et reprendre les clefs. Ils passèrent donc la nuit à l'hôtel et partirent au petit matin.

    Le voyage jusqu'à Barelot était long, ce fut sept cent kilomètres pendant lesquels Corinne se laissait à penser à leur maison : Ca y est, on à une maison bien à nous ! se plaisait-elle à répéter dans sa tête. De temps en temps Emilie, leur fille, émergeait d'un demi sommeil pour demander si ils étaient arrivés, Olivier répondait paisiblement en indiquant le nombre de kilomètres leur restant à parcourir.

    « On est sorti de l'autoroute depuis une demi-heure ma chérie, il nous reste encore cinquante kilomètres à faire.

    - C'est tout ? On est bientôt arrivés alors !

    - Oui, mais là on va aller moins vite : ça devient de la route de montagne maintenant. »

    Emilie se redressa sur son siège, décidée à ne plus se rendormir. Le paysage qui se dessinait devant elle l'émerveilla : Les montagnes montaient si haut ! Elles lui semblaient majestueuses, elle les trouvait tellement plus grandes et plus belles que les immeubles qui l'entouraient jusqu'alors.

    « C'est vraiment joli les montagnes papa !

    - Oui c'est vrai, je suis moi aussi content. Je ne pensais pas trouver du travail dans le coin. Ca va nous changer de la ville, ici on vivra plus au calme.

    - Maman, c'est joli hein ?

    - Oui ma chérie, c'est très beau ! »

    Corinne était absente, complètement absorbée par le paysage majestueux qui se dessinait devant elle, elle avait du mal à réaliser qu'ils allaient maintenant vivre dans un cadre aussi merveilleux.

    « Maman ?

    - Oui Emilie. 

    - j'ai faim, je peux avoir des gaufrettes s'il te plait ? » 

    Emilie tout en grignotant, resta ainsi à admirer le paysage qui défilait devant les fenêtres de la voiture. Cela faisait la seconde fois qu'elle venait dans les alpes, la première fois c'était pour trouver une maison, cette fois ils allaient vivre là. Elle était un peu triste d'avoir du quitter ses amis d'école, mais sa mère lui disait qu'elle en trouverait d'autres. Emilie n'y croyait pas vraiment, elle en souffrait de perdre ses amis, mais sa mère lui avait bien fait comprendre qu'elle n'avait pas le choix.



    - 11 -



    Il voyait le plafond d'une église, les fresques étaient belles, il se plaisait à les admirer. Il entendait un prêtre parler : il disait du bien d'un homme disparu, qui était mort jeune, dans la pleine fleur de l'âge. Et si c'était lui ? Il est où là d'ailleurs à regarder le plafond ? qu'est ce qu'il fait allongé là ? Comprenant la situation il se mit à hurler « JE NE SUIS PAS MORT ! vous entendez ? Je ne suis PAS MORT ! », mais tout continuait comme s'il n'avait rien dit, il essayait de bouger mais il n'arrivait pas à faire le moindre mouvement. Puis, chose atroce, il vit les membres de sa famille se pencher sur lui, pleurant à chaudes larmes. Puis quelqu'un qu'il ne connaissait pas reposa le couvercle de ce qu'il semblait donc être... son cercueil ! Il sentit qu'on le transportait, puis qu'on le reposait quelque part. Le bruit d'un petit moteur suivit de celui de petits couinements se fit entendre, il sentait la chaleur s'élever. Le bruit de flammes se faisait entendre maintenant, il entendait comme un grand feu autour de lui. Il aperçut de la lumière ! elle venait de vers le bas, elle était d'une couleur jaune oranger et... et...horreur ! le feu entrait dans le cercueil ! Ses pieds brûlaient, ses pieds brûlaient ! Il avait maintenant atrocement mal, il hurlait, il en avait même mal à la gorge, elle lui semblait maintenant si sèche ! Il n'arrivait plus à crier, sa gorge lui faisait mal, sa jambe gauche le lançait d'une douleur épouvantable, mais il n'y avait plus de lumière, tout était noir. Il était réveillé, il était toujours là dans les ténèbres, il étouffait toujours, et sa gorge lui faisait mal. Mais c'était par-dessus tout sa jambe, la gauche, qui le faisait souffrir abominablement.



    - 12 -



    « On y est ! Nous voici à Barelot ! On Arrive ! »

    Emilie eut un petit sursaut de surprise : Elle était captivée à regarder le paysage, elle en avait oublié le temps qui passait.

    « Hein ? Déjà !

    - Oui ma chérie, regarde, c'est notre maison tout devant. »

    Elle regardait la maison qui se dessinait en haut de la côte qu'ils étaient en train de monter. Le camion de déménagement était garé devant, et plusieurs hommes s'affairaient à porter des cartons.

    « Tu à vu Corinne, ils ont presque fini de vider le camion, on arrive à temps.

    - Oui ils m'avaient dit que le camion devait arriver vers midi, ça doit faire trois heures qu'ils sont là.

    Arrivé au niveau de la maison. Olivier dépassa le camion, et gara la voiture quelques mètres devant.

    « Allez, on y est. Terminus ! tout le monde descend ! »



    - 13 -



    Qu'est ce qu'il m'arrive ? Qu'est ce que c'était que cette voix ? Qu'est ce qu'elle m'a fait ! Oh ce que j'ai mal, si mal... Qu'est ce qu'il à pu me faire à la jambe, est-ce que qu'elle est vraiment mutilée au fait ? Je suis peut être en train d'imaginer tout ça ! De toute façon comment pourrais-je le vérifier... Finalement c'est pire que la douleur, je ne sais même pas dans quel état je suis.. A quoi je ressemblerai en ce moment si je pouvais me voir dans une glace ? Je me verrai peut être inanimé dans un lit d'hôpital, ou alors bien éveillé, et mutilé.... Oh ! je ne comprends plus grand chose, je ne sais même plus sûr d'être dans le coma... Allez, il faut que j'essaie de bouger, je ne vais pas rester là comme ça, sans rien faire. Si la voix revient, qu'est ce que se sera la prochaine fois ? Elle va finir de me bouffer ! Sa voix... ce quelle disait... elle était complètement folle ! Et si c'était ma tête qui générait tout cela, je suis peut être en train de perdre la raison... je suis peut être en train de devenir complètement fou ! Allez ! Je vais bien finir par arriver à bouger un p... Hé ! Je sens que mon index frémit, je sens qu'il bouge un peu ! Hihi, ça gratte ! Je sens qu'il bouge ! Argh, par contre pas mes autres doigts... mais j'ai au moins un que je sens bouger ! Je sens qu'il frotte ! On dirait du papier de verre... j'arrive à bouger un doigt !



    - 14 -



    « Oooh ! Olivier. On en verra jamais le bout de tous ces cartons ! En deux jours j'ai du en déballer qu'un tiers, pas plus.

    - Bah ! c'est normal, ça prend toujours plus de temps pour organiser que pour désorganiser !

    - Ca me fait vraiment drôle d'être dans une maison ! Ca nous change vraiment de l'appartement.

    - Ne m'en parle pas ! Je suis bien content qu'on en soit parti. Au fait, tu as vu Emilie ?

    - Elle à passé la matinée à ranger sa chambre. Maintenant elle est dans le jardin, à jouer.

    - Faudrait peut être que je commence aussi à jouer moi, avec ma perceuse ! »

    Olivier fouilla dans un petit carton qu'il avait disposé dans un coin de la cuisine, il en sorti un boite rectangulaire en plastique. Il la posa sur la table, l'ouvrit, il y jeta un coup oeil puis redressa la tête jusqu'à fixer le visage de Corinne, il pris un petit sourire amusé :

    « Ca faisait longtemps que je ne l'avais pas ouverte, au moins depuis que l'on nous l'avait offerte non ?

    - Héhé, heu... oui, c'est vrai qu'on ne l'avait jamais utilisé à Paris dis donc.

    - Bah, ici on peut y aller, la maison est à nous, ça n'est pas comme pour l'appartement... Au fait tu as vu, j'ai disposé les meubles dans le salon, ça te va ?

    - Heu... attends un peu. »

    Après quelques ajustements sur la position des meubles dans le salon, Olivier invita sa femme à continuer sur sa lancée avec la décoration des murs. Il attendait donc patiemment qu'elle se décida sur la position et l'agencement des étagères murales dans la pièce. Au final comme Olivier n'avait rien contre la disposition qu'elle lui présenta, il accepta sans rechigner.

    « Allez, zou, je fais les trous.

    - Des petits trous, des petits trous...

    - ... toujours des petits trous. »

    Et sur ce, Olivier, se pencha sur le contenu de la boite de la perceuse, il ne savait pas bien quel foret utiliser. Après réflexion, il se décida, monta le tout, puis tout en fredonnant, passa dans le salon et pris les marques sur le mur. Pendant ce temps Corinne était retourné s'affairer au déballage des cartons.

    Debout sur une chaise, la perceuse bien perpendiculaire au mur, le foret frôlant la surface de ce dernier, Olivier appuya doucement sur le bouton, et la perceuse se mit en marche à vitesse réduite. Même si ça ne lui paraissait pas très sorcier, il appréhendait le premier trou : c'est résistant un foret ? et s'il cassait ? je ne vais pas avoir l'air fin si je casse un foret... Encore moins si je n'arrive pas à faire ces trous !

    Olivier poussa la perceuse, le foret commençait à entrer lentement dans la surface de la cloison. Il appuya sur le bouton un peu plus, le moteur accéléra, maintenant le foret entrait quasiment comme dans du beurre dans le mur. Finalement ça n'est pas sorcier ! se dit-il, rassuré.



    - 15 -



    Hmm... hein ? Je ne rêve pas là ?... mais... j'entends un bruit ! Qu'est ce que c'est ?... ça ronronne. Tiens ça augmente... hmm, c'est curieux, on dirait... comme si.... une perceuse ? Ca n'est pas possible, qu'est ce que ça viendrait faire là une perceuse ! Le bruit paraît en plus tellement étouffé... Pourquoi diable j'entends le bruit d'une perceuse ? ça n'est pas normal, qu'est ce que ça viendrait faire là dans mon coma... mais si je ne l'étais pas... si j'étais enfermé quelque part et qu'on serait venu me chercher ?... Après tout je ne sais pas ce que c'est, mais ça doit bien être quelque chose !.... Faut que j'arrive à me rapprocher... il faut.

    Marc arrivait à bouger un peu plus que les doigts : Progressivement il avait réussi à faire bouger avant bras, puis pieds - du moins son pied droit, l'autre jambe le faisant toujours atrocement souffrir -, puis ensuite la tête, les épaules, puis le tronc tout entier. Il ne faisait que bouger que de quelques centimètres chaque partie de son corps, mais il ne doutait pas de pouvoir bouger de mieux en mieux, il ne le souhaitait pas, il le fallait.... Car la voix, et donc la chose qui l'avait fait souffrir, pourrait revenir.

    Le bruit de la perceuse venait de vers le haut à gauche, il essaya de se déplacer vers cette direction, ça ne devait être qu'à quelques mètres de distance tout au plus. Mais il lui fallait une énergie folle pour ne bouger que de quelques millimètres.

    Puis le bruit de la perceuse s'arrêta. Marc bouleversé de ne plus entendre aucun son, et n'arrivant à se déplacer qu'à une vitesse d'escargot, essaya de crier. Toujours aphone, il continuait néanmoins sans relâche, tout en continuant à peiner pour se déplacer, mais toujours aucun son ne sortait.

    Cela faisait des heures maintenant qu'il avait passé à se traîner lamentablement et à essayer de hurler sans qu'aucun son ne sorte. Il commençait à perdre espoir et progressivement abandonnait son effort, jusqu'à ce que, lors d'une énième tentative pour émettre un son, de manière inespérée, il s'entendit émettre un très faible râle.



    - 16 -



    L'après midi avait été dure pour Corinne et Olivier, mais elle avait déjà rangé bon nombre d'affaires sorties des cartons, et lui, avait installé les meubles dans beaucoup de pièces, ainsi que posé les étagères. Le plus gros du travail était fait, et ils commençaient à entrevoir le bout de l'emménagement.

    Fatigué de leur journée, ils avaient préparé un repas simple, et avaient pris place autour de la table de la cuisine pour manger. Emilie était assise avec eux, elle avait passé l'après midi à jouer dans le jardin et maintenant mangeait goulûment : Il y avait deux arbres sur le terrain de la maison, Corinne était plutôt réticente à laisser sa fille y grimper, mais désarmé devant son insistance, elle la laissa grimper dans les arbres « à condition qu'elle fasse attention » et « qu'ils auraient l'œil sur elle, et qu'elle ne devra pas faire d'acrobaties ». Bien entendu, ils avaient passé l'après midi à emménager, et n'avaient donc pas pu garder l'œil sur leur fille de toute l'après midi, de toute manière on ne pourrait pas la surveiller tout le temps qu'elle passera dans le jardin, se fit remarquer Corinne à elle-même.

    « C'est vraiment bien ici maman !

    - Content que ça te plaise ! Au fait, dans deux jours tu reprends l'école, tu n'as pas oublié, hein ?

    - Non maman, et puis j'ai hâte de me faire de nouveaux copains.

    - Les gens on l'air gentil par ici, je suis sûr que tu te feras vite de nouveaux amis ici. »

    Corinne saisis son verre, bu une gorgée d'eau, puis le verre toujours à la main, tourna la tête vers Olivier, et s'adressa à lui.

    « Prêt pour demain ?

    - Pfff... bah... faut bien reprendre le boulot.

    - Je m'occuperai de finir de ranger tous les cartons demain, le principal c'est que tu te sois occupé des meubles et des murs, moi je ne l'aurais pas fait.

    - Tu veux que j'achète des choses au magasin demain ? En revenant du travail je pourrais sûrement faire quelques courses.

    - Heu, laisse moi réfléchir... je vais te faire une liste, ce sera plus simple. »

    Corinne posa son verre, alla chercher un bout de papier et un crayon sur la commode, se rassit, et commença à écrire. Olivier et Emilie, regardaient leur mère écrire la liste des courses, on entendait le crayon gratter le papier... et puis aussi comme un autre son de grattement, il ne venait pas du crayon celui là. Olivier s'en aperçu, et tendit l'oreille... il entendait bien un bruit de grattement, le son venait du salon.

    « Tu entends ?

    - Heu, quoi ?

    - Ce bruit

    - ... Ah oui ! on dirait comme un son de grattement.

    - Ca vient du salon.

    - Oui, je crois que tu as raison. »

    Olivier se leva, avança jusqu'à l'encadrement de la porte du salon, puis s'arrêta pour mieux entendre le son.

    « Ca vient bien du salon »

    Sans attendre de réponse il entra, trente secondes plus tard, Corinne et Emilie le virent revenir, il semblait tracassé, cela transparaissait sur son visage.

    « Rah ! c'est énervant.

    - Qu'est ce que c'est Olivier ?

    - Les bruits viennent du mur. Il doit y avoir des souris.

    - Tu penses ?

    - J'en suis pas complètement sûr, mais je ne vois pas ce que ça pourrait être d'autre.

    - Il faudra que j'appelle le dératiseur demain alors.

    - Oui ça serait bien.... mais bon ça m'énerve : ça fait deux jours qu'on est dans cette maison, et voici un premier problème... dès le début comme ça, c'est flippant, j'espère qu'on ne s'est pas fait avoir sur ce coup là.

    - Allez, calmes toi, j'appellerai les dératiseurs demain, on verra bien ! Allez vient finir de manger. »



    - 17 -



    Continuer à avancer dans la direction. Continuer à essayer de crier. Marc n'avait plus que cette idée en tête, il voulait, il devait se sortir de là, le son de la perceuse était la seule chose à laquelle il pouvait se raccrocher. Bien sûr, le son avait cessé depuis des heures, mais il se devait de continuer à avancer dans la direction d'où il était provenu : Et si j'étais dans le coma, et que le bruit venait d'un bricoleur à côté de ma chambre ? Et si j'étais enfermé sous des décombres, et que le bruit venait des sauveteurs ? De supposition en supposition, Marc n'arrivait pas vraiment à s'expliquer le pourquoi de tout cela, mais il n'avait aucun repère autre que la direction du son. Ce qui l'effrayait beaucoup maintenant, était que ce son avait cessé depuis longtemps. Lui, s'était déplacé, et n'avait rien rencontré.... et peut être avait-il même dépassé l'endroit d'où provenait le bruit : Quand il l'avait entendu, il venait de vers le haut à droite, mais qu'est ce qui lui dit qu'il n'avait pas dépassé l'endroit ? Marc, en effet, se déplaçait bien mieux maintenant, sa vitesse ne devait pas dépasser les dix centimètres à l'heure, mais il progressait ! Il n'était plus figé : il pouvait se déplacer. La sensation restait néanmoins très désagréable, il aurait dit progresser dans un bloc de papier de verre, il sentait tout son corps comme écorché à chaque mouvement, mais la douleur n'était malgré tout que très légère... surtout négligeable comparée à l'atroce souffrance qui émanait de sa jambe gauche : souvent il se demandait dans quel état elle était, mais tout n'était que ténèbres et il ne pouvait le savoir, alors que c'était son propre corps, il ne pouvait même pas voir dans quel état il était ! Se sentir ainsi comme dépossédé de son corps l'accablait de frustration et de chagrin, souvent il aurait eu envie de pleurer, mais il n'y arrivait pas, ses yeux, comme sa gorge, restaient désespérément et douloureusement secs. Malgré la douleur à la gorge, de temps en temps, il s'efforçait d'émettre quelques sons, mais la douleur qu'il subissait en retour le dissuadait de le faire tout le temps. Malgré tout à chaque essai, les sons - ou plutôt l'espèce de vibration monocorde qui s'échappait de sa gorge douloureuse - se faisaient de plus en plu forts : Le premier qu'il avait émis lui était à peine audible, maintenant il s'entendait distinctement.



    - 18 -



    Le dératiseur était passé dans la journée : Corinne, dès son réveil, avait recherché son numéro dans l'annuaire, puis appelé. Par bonheur, celui qu'elle avait contacté était disponible dès l'après midi, elle n'en espérait pas tant ! Ils avaient ainsi dû, elle et sa fille, passer deux heures au dehors pendant qu'il oeuvrait à débarrasser la maison des rongeurs. Ils en avaient profité pour aller faire les courses. A leur retour le dératiseur avait presque fini son travail, il régnait maintenant dans toute la maison une odeur désagréable due au gaz qu'il avait diffusé dans toutes les pièces. Avant de partir, il signala à Corinne que les rongeurs étaient maintenant sûrement maintenant morts, mais que s'il y en avait, il n'avait toutefois trouvé aucun cadavre de rongeur, il était encore plus surpris de ne pas avoir trouvé ne serait-ce que des crottes de souris sur le sol.

    Corinne était allongée sur le canapé, sa tête reposait sur les cuisses d'Olivier : sa première journée au travail s'était bien passé, il paraissait bien content. Ils regardaient la télévision, Olivier caressait doucement les cheveux de sa femme. Il regardait vaguement le film, plutôt occupé à rêvasser à cette nouvelle vie qui lui semblait vraiment bien commencer : Loin de la ville, dans une maison bien à eux, et son travail qui lui paraissait aussi bien débuter. Ce soir il ferait l'amour avec sa femme, il n'avait pas trop envie d'attendre la fin du film pour entreprendre les premières caresses, et voir si elle aussi était partante, mais voyant Corinne concentrée sur l'écran, il préféra s'en abstenir et patienter.

    « Tu as entendu »

    la voix de Corinne le fit sortir de ses pensées, elle avait tourné la tête et le regardait, en attente d'une réponse.

    « Heu, quoi ? ... non, rien de spécial.

    - C'était comme un geignement, ça ne venait pas de la télé.

    - Quoi ? »

    Olivier saisit la télécommande et coupa le son. Ils ne bougeaient plus, ne faisant maintenant plus de bruit et écoutaient, scrutant le silence, en attente d'un son, au cas ou celui-ci se reproduirait...

    De lourdes secondes de silences s'écoulèrent, puis il se reproduit : Il était faible, on entendait comme un « hhhhhhhiiiiiiiiiinnnnnnn » long et monotone.

    « Tu l'as entendu cette fois ci Olivier ?

    - heu...oui, c'est inquiétant, ça peut être quoi ? Ca ne serait pas des souris qui feraient ce bruit là quand même ?

    - Hum, heu.... je n'en sais pas grand chose sur le son d'une souris qui agonise. Mais je crois qu'elles couinent... là, on dirait plutôt un gémissement.

    - C'est flippant quand même... On dirait que le son vient du mur, je vais aller voir ça. »

    Sur ce, Corinne se redressa, libérant ainsi les cuisses d'Olivier, qui se leva ensuite, puis lentement se dirigea vers le mur. Il le fixait, l'évaluant du regard, comme s'il cherchait à voir quelque chose, un détail, un indice qui pourrait l'aider à comprendre.

    Le gémissement reprit, il dura bien sept ou huit secondes, il semblait provenir de vers le haut du mur. Olivier se sentait pétrifié, il était terrifié, Corinne elle, restait assise dans le canapé, et n'osait plus bouger. Malgré tout Olivier colla son oreille contre le mur, il écoutait attentivement, il avait peur, extrêmement peur, il souhaitait ne pas de nouveaux entendre ce bruit, et l'idée d'avoir l'oreille collée contre le mur alors que la lamentation venait de là, l'affolait complètement. Néanmoins, il arrivait encore à garder son calme. Il n'entendait plus aucun son provenir du mur. Il tapota alors sur ce dernier, comme pour frapper à une porte.

    Et le résultat ne se fit pas attendre bien longtemps.



    - 19 -



    hein ? je n'y croyais plus... j'entends du bruit ! On dirait qu'on frappe contre une porte. Grâce au ciel, je suis peut être presque à la fin de cet enfer ! Ce sont peut être des sauveteurs venus me chercher... On doit peut être m'entendre alors ? Le son vient de vers le bas, le temps d'y aller je vais encore mettre des heures comme la dernière fois... Il faut que je me fasse entendre ! cette fois-ci je ne dois pas laisser ma chance passer. Il faut que j'arrive à émettre un son plus fort, il faut que j'y arrive ! il faut que je crie !



    - 20 -



    « AAAAAAAAAaaaaaahhhh !

    - C'est Emilie ! Olivier, c'est Emilie qui crie ! »

    Olivier, sans perdre un instant, traversa le salon puis la cuisine en courant. Corinne le suivait au pas de course. Il grimpa quatre à quatre les marches de l'escalier, bondit sur la poignée de la porte, et se rua dans la chambre leur fille : Emilie était assise dans son lit, les couvertures toujours sur les jambes, elle continuait de crier, elle fixait le mur en face d'elle. On entendait très distinctement la voix geindre dans sa chambre : le volume des geignements était ici beaucoup plus fort que dans le salon et se mêlait sinistrement au cri ininterrompu de leur fille, terrorisé et qui continuait à fixer le mur... le mur... le mur qui frémissait. Ce n'était pas très visible mais on sentait bien qu'il tremblait, et il y avait un léger dépôt de plâtre au bas de ce dernier.

    Emilie réalisant finalement que son père était là, sauta du lit, et se réfugia derrière ses jambes. Ses pleurs s'arrêtèrent progressivement, pour ne devenir que des gémissements. Dès lors la complainte qui venait du mur pris horriblement le dessus sur le silence qui s'installait dans la pièce. Corinne, derrière, tenait Emilie par les épaules. Personne ne savait plus trop quoi faire, et devant ce mur qui frémissait et les geignements qui se faisaient toujours plus insistants, chacun restait tétanisé. Olivier, sans réfléchir, mis alors ses mains en porte-voix devant sa bouche :

    « il y a quelqu'un ? »



    - 21 -



    « Il y a Quelqu'un ?» j'ai bien entendu ! oui j'ai bien entendu, j'en suis sûr : le son venait de devant moi ! Mon dieu, plus qu'un effort ! Je vais enfin sortir de cet enfer.. Il se mit ainsi à déployer toute son énergie afin d'avancer vers la voix, il devait réussir à se libérer de ces ténèbres. De toutes ces forces il essaya d'avancer. Il sentait qu'il bougeait, il allait sortir des ténèbres, la voix était juste devant lui, quelques efforts et il allait sortir, c'était certain maintenant.



    - 22 -



    Le mur se déforme, Il en était sûr, le mur se déformait ! Olivier regardait le plâtre s'effriter et s'accumuler toujours en une couche plus grosse sur le parquet. Il distinguait maintenant des proéminences se former à différentes hauteurs du mur. Elles apparaissaient lentement, mais il était clair que le mur se bosselait, cela était flagrant. Aucun des trois membres de la famille ne bougeait, ils restaient comme pétrifiés devant l'horrible spectacle s'offrant à leurs yeux.



    - 23 -



    Persévérant à avancer, Marc ressentit comme une résistance plus forte que d'accoutumée, il poussa de toute ses forces pour franchir ce dernier obstacle : sûrement la dernière avant le retour à la vie, se dit-il, mais il avait un mal de chien à avancer. Il persévéra alors encore plus : la résistance se faisait plus forte à chaque centimètre qu'il gagnait devant lui.



    - 24 -



    Tous restèrent tétanisés devant le spectacle surréaliste qui se déroulait devant eux : distinctement une main, un bras, puis une tête, prirent forme en lieux et place des bosses sur le mur. Une forme humaine se dessinait de plus en plus distinctement en relief sur la surface, le plâtre se fissurait et craquelait tout autour de la forme. Ils voyaient distinctement les mains bouger, elles devaient dépasser d'au moins dix centimètres du mur : on ne voyait pas trop les doigts, on aurait dit que deux gros moufles sortis du mur cherchaient à battre l'air d'un mouvement très lent.



    - 25 -



    Voyant qu'il n'avançait plus, pris de panique, Marc se remis à crier. Il hurla encore plus fort que précédemment : son cou lui faisait atrocement mal, il avait l'impression qu'une flamme lui brûlait la trachée, sa gorge n'était plus qu'un désert douloureux, mais il continuait à crier. Ce son plaintif et monocorde qu'il émettait avec tant de peine, vibrait et résonnait lourdement dans sa tête, il ne pensait plus à rien d'autre qu'à se faire entendre et qu'on vienne l'aider.



    - 26 -



    Du mur ils voyaient maintenant distinctement la bouche d'un être humain s'ouvrir : on aurait dit que le visage d'un être s'était sculpté dans le mur et s'animait dorénavant devant leurs yeux. L'intérieur de la bouche se dessinait par un creux peu profond, et le volume des dents transparaissait à travers les boursouflures sur la surface. Le nez ressortait comme une bosse proéminente au dessus de la bouche, et ne laissait ainsi aucun doute quand à l'humanité du visage qui se dessinait devant eux.

    Le cri repris et fut cette fois si fort, qu'Emilie, terrifiée, se mis à crier à son tour. Entre les hurlements venants du mur, et le cri de leur fille, le bruit devenait assourdissant.

    Olivier revenant subitement à la lucidité, se retourna et fixa Corinne.

    « On part d'ici, vite. »

    Elle acquiesça du regard, ne pensant même pas à essayer de parler, elle se sentait trop bouleversée pour dire quoique ce soit. Olivier prit Emilie dans ses bras, ils dévalèrent les escaliers à toute allure. Sortis de la maison ils coururent jusqu'à la voiture et s'enfermèrent tout de suite à l'intérieur, Emilie sur les genoux de Corinne. Olivier mis le contact aussi vite qu'il le put et parti en trombe, les pneus crissèrent sur le bitume, déchirant le silence de la nuit. Puis il accéléra très vite, et quelques secondes plus tard, la voiture disparaissait au coin de la rue.



    - 27 -



    Un cri, c'est un cri ! On dirait celui d'une petite fille... Eh oh, je suis là ! jute devant vous, ne me laissez pas comme ça, aidez-moi bon dieu ! Marc continua à hurler encore et encore. Il n'arrivait plus à avancer, mais gesticulait autant qu'il le pouvait contre cette barrière invisible. Il sentait l'épuisement le gagner, les minutes passèrent, il parvenait de moins en moins à crier, sa douleur à la gorge devenait tout bonnement insupportable. Il n'arrivait pratiquement plus à bouger, il était à bout de force, mais il fallait qu'il continue, il fallait qu'on le trouve et qu'on le sorte de là. Il n'avait pas rêvé, il avait entendu des voix de l'autre côté, il en était sûr ! ... Il fallut une heure environs avant que Marc, qui pendant tout ce temps n'avait cessé d'essayer de passer la barrière devant lui et qui n'avait arrêter de crier, s'évanouisse, totalement à bout de force et absolument désespéré.



    - 28 -



    Olivier avait directement foncé jusqu'au commissariat, la tension était alors comme palpable : l'ambiance dans la voiture était très tendue, personne ne parlait, chacun se demandant si ce qu'il avait vu était réel. Le commissariat était fermé à cette heure-ci, mais il y avait de la lumière à une fenêtre près de l'entrée. Ils frappèrent à la porte pour se faire entendre, et la standardiste fini par arriver, les voyants, elle leur ouvrit la porte, puis finalement les fit rentrer dans le hall.

    Olivier et Corinne, lui racontèrent ce qu'ils avaient vu, la femme ne répondit pas grand chose, mis à part poser des questions pour trouver une explication « logique » à ce qui c'était passé. Au final, elle se décida à appeler le policier de garde pour qu'il passe voir directement sur les lieux. Olivier se proposa d'y aller pour le rejoindre à la maison, il laissa sa femme et sa fille au commissariat.

    Quand Olivier arriva devant chez lui, un véhicule de police était déjà là, garé dans la rue, il y avait un agent à l'intérieur. Il s'arrêta et descendit de sa voiture, le policier en fit autant, il s'avancèrent l'un vers l'autre.

    « Monsieur Fayard.

    - Oui, c'est bien moi.

    - Je vous attendais, je suis monsieur Tesnal.

    - Enchanté.

    - Alors que c'est il passé ici ? »

    Olivier se sentait de nouveau gêné, aller dire qu'ils avaient vu une silhouette humaine sortir du mur n'était pas chose aisée. Il l'avait déjà bien vu avec la standardiste qui paraissait ne pas trop croire ce qu'ils racontaient. En même temps cela n'avait rien de trop surprenant... Tout cela semblait tellement surréaliste !

    « Oh, je ne sais plus très bien ce que j'ai vu... j'en doute de plus en plus.

    - Mais vous doutez d'avoir vu quoi ? »

    Olivier pensait qu'il devait expliquer ce qui c'était passé à l'agent, ainsi il essayait d'y aller finement pour éviter qu'il ne réagisse mal.

    « Oh... vous me croiriez si je vous disais qu'il y a quelqu'un d'emmuré vivant dans la maison.

    - Non, je penserais que vous avez mal interprété quelque chose de normal qui serait arrivé.

    - Pourtant j'ai beau réfléchir, je ne vois pas ce que ça pourrait être d'autre.

    - C'est bizarre, il y a deux mois de cela, je venais de nuit à la maison où vous habitez pour trouver cette pauvre femme.

    - Ah ? C'était vous qui aviez trouvé le corps en premier.

    - Oui... vous êtes peut être influencé par ce qui c'est passé dans cette maison ?

    - Non, je ne pense pas, on l'a tous vu : ma femme, ma file et moi.

    - Soit... de toute façon, c'est plutôt avec mon supérieur qu'il faudra en parler. »

    Sur ce, ils se dirigèrent vers la maison, Olivier appréhendait d'y entrer de nouveau, il fit un effort pour ne rien laisser transparaître. Arrivés silencieusement dans la chambre d'Emilie, le policier inspecta la pièce, tout en questionnant Olivier en même temps.

    « C'était ici alors.

    - Oui.

    - Vous n'aviez pas mis un chauffage d'appoint, ou un absorbeur d'humidité à cet endroit ?

    - Non... vous savez, on est parti d'ici précipitamment, on à touché à rien.

    - Je vois... vous savez, à part le mur qui semble bien fissuré, je ne vois rien d'autre. Je ne préfère pas trop bouger les choses dans la pièce, ce sera mon supérieur, monsieur l'inspecteur Kerll qui le fera. En attendant, ce que je vous propose, c'est que l'on rentre au poste et que je prenne votre déposition.

    - D'accord. »

    Ils quittèrent alors la pièce. En sortant de la maison, le policier scotcha devant la porte un ruban « défense d'entrer » : « Comme ça au moins, d'autres ne viendront pas ici avant la venue de monsieur Kerll » dit-il en tendant le ruban entre les deux murs entourant la porte.



    - 29 -



    « Marc ?

    - Hein ? Heu... Hmm...

    - C'est mal tu sais.

    - Mais j'ai ri...

    - Tu as peur hein ?

    - Oui.

    - Je te fais peur ?

    - Oui.

    - Alors tu sais ce que je vais dire.

    - Mais... je... heu... je voulais sortir de là !

    - Tu n'y arriveras pas de toute façon.

    - Je ne veux pas rester comme ça toute ma vie !

    - Justement, si, et tu le mérites bien. Tu sais, ils sont tous parti, tu es de nouveaux seul, mais ils risquent de revenir pour fouiller, alors je t'ai mis hors de portée de leur recherches.

    - Saloperie ! Tu n'es qu'u...

    - S'ils t'avaient trouvé, tu en serais mort ! Ils t'auraient déchiqueté, déchiré morceau par morceaux en démolissant le mur.

    - Quoi ! le mur ?

    - Tu croyais vraiment toujours à ton histoire de coma ? Idiot. Tu es encore dans ta maison, tu ne comprends donc pas ?

    - Comment tu as fait pour...

    - Je demanderais plutôt comment toi tu as fait pour bouger, tu ne devrais pas le pouvoir, je ne comprends pas pourquoi, mais peu importe, je ne comprends peut être pas la cause, mais je peux en empêcher les conséquences.

    - Quoi ! mais enfin quoi ! je ne comprends pas.

    - Tu ne comprends pas ? ah ! vraiment ? Mais tu crois que je vais te laisser gueuler comme ça longtemps. Et tu t'imagines que je vais te laisser te balader où tu veux ? Vraiment ?

    - Non ! Vous ne pouvez pas me mut...

    - Tais-toi ! tu crois que quelqu'un va m'en empêcher ! Rah, tu m'énerves, tu es comme les autres : ah ! ç'est plus facile quand on est le plus fort, hein ? Vous n'hésitez pas à faire les pires atrocités si c'est vous qui tenez le manche de la fourche, hein ? Mais quand la situation est inversée, vous faites moins les malins !

    - Mais de qui vous parlez, je n'ai rien fait de mal moi.

    - Si ! celui d'exister !

    - Mais tuez-moi à la fin alors !

    - Arrêtes de tout vouloir tout de suite comme ça, je prends mon temps... le désir, le plaisir, n'en est que plus grand. »

    Sans avoir de temps pour répondre, la souffrance l'envahi de nouveau. L'horreur s'empara de lui : la douleur provenait cette fois ci de son cou ! Il avait la sensation qu'on lui dévorait la gorge. Il entendait un bruit continu qui lui faisait penser à celui de quelqu'un croquant une bouchée de bonbons durs. Le son continuait, la douleur à son cou aussi, mais l'esprit de Marc s'enfuyait. Face à l'horreur et au dégoût des mutilations qu'il subissait, Marc s'évanouis de nouveau.



    - 30 -



    Au matin, Philippe, dès son arrivée au commissariat eu à peine le temps de se verser un café que déjà on le sollicitait : Il fallait qu'il passe voir une famille qui avait eu des problèmes pendant la nuit. Il s'agissait d'une certaine famille « Fayard », il ne les connaissait pas, et quand on lui dit qu'ils étaient les nouveaux propriétaires de la maison des Duvals, il s'exclama : « ah oui ! je vois de quelle maison vous voulez parler ! Mais je ne connais pas les nouveaux propriétaires... jamais vus. ».

    Intrigué par la raison qui pouvait les amener ici, il s'empressa, sans trop de zèle quand même, d'aller les rejoindre : Ils n'étaient pas beaux à voir, leur fille dormait, mais le couple était toujours éveillé, et n'avait pas trop l'air d'avoir dormi de la nuit, ils semblaient autant épuisés qu'effrayés. Philippe s'isola donc avec eux à son bureau : L'histoire qu'il lui racontèrent le fit d'abord sourire intérieurement : Bon, il faut que je garde mon sérieux, ces gens ont l'air morts de peur, je ne peux pas me bidonner devant eux ! Puis la discussion continuant, il comprit qu'il ne pourrait pas ne rien faire pour eux, il fallait qu'il essaie au moins de trouver une réponse. Il demanda donc au couple de venir avec lui sur les lieux, Corinne ne le souhaitait pas et ressentait trop le besoin de dormir pour faire quoique ce soit de plus. Il partit donc avec Olivier.

    Dix minutes plus tard, ils arrivaient dans la cour de la maison, Philippe arrêta la voiture.

    « Bon ! vous allez me montrer tout ça alors !

    - Oui, enfin vous verrez, à part le mur qui est dégradé, il n'y à pas d'autres choses à voir. 

    - Décidément, pas de chances autour de cette maison... deux fois qu'il y a des problèmes ici en deux mois... enfin, cette fois ci il n'y a pas eu de morts au moins.

    - Mais on à eu peur tous les trois... Je n'arrive toujours pas à trouver une raison logique à tout cela vous savez. »

    Sur ce, Olivier descendit de la voiture de police, Philippe en fit de même quelques secondes après, et marcha jusqu'à Olivier qui se tenait sur le perron.

    « Vous savez Olivier, on est là pour ça : pour trouver les réponses.

    - Hmm, Hmm... »

    Olivier ne croyait pas trop que l'inspecteur puisse faire quelque chose pour lui : il n'était pas là au moment où tout cela c'était passé et il ne le croirait pas. D'un autre côté, il ne savait pas trop quoi faire d'autre... Peut être ce monsieur Kerll aura t'il une idée... on ne sait jamais après tout.

    Arrivé dans la chambre, l'inspecteur examina le mur pendant au moins cinq bonnes minutes... Il ne croyait pas du tout à l'histoire d'Olivier : Les gens ne sortent pas des murs pensait-il. Néanmoins c'était son métier, il ne pouvait pas couper à chercher une explication, au moins un minimum. Est-ce qu'une canalisation passe par là ? Est ce que la pierre n'est pas pourrie à cet endroit du mur ?, à tout cela il ne pouvait pas répondre simplement, il faudrait faire un trou. Philippe se senti une bouffée de fatigue le gagner en comprenant cela, cette histoire saugrenue le désintéressait, mais il allait en plus falloir faire casser une partie du mur pour en savoir plus... Il décida d'en référer au père de famille.

    « Hmm... le mur est bien effrité et fissuré de partout à cet endroit. Mais je ne pense pas qu'on puisse trouver grand chose sans creuser un peu.

    - Quoi ! creuser un peu ?

    - Oui : Y a t'il une canalisation derrière, un problème dans les matériaux du mur à cet endroit là, ou encore une infiltration d'eau qui aurait abîmer le mur à l'intérieur.

    - Ce que j'ai vu cette nuit ne ressemblait pas à tout cela.

    - Quoique vous ayez vu, c'était bien à cet endroit là du mur... Où il y a du plâtre sur le sol... c'est bien là ? »

    Philippe Kerll pointait du doigt le petit tas de plâtre dispersé au bas du mur sur le parquet de la chambre..

    « Oui.

    - Bon, eh bien si c'est une canalisation, nous le verrons. Si c'est un homme qui est là dedans, nous le trouverons.

    - Oui, c'est sûr.

    - Mais par contre, la décision de le faire ou non vous appartient : je ne suis pas expert là dedans, mais derrière le mur on est dehors, il y a onc de fortes chances que le mur soit porteur, donc il y aura un risque pour la maison à y creuser. Et si on ne trouve rien, on ne pourra pas à mon avis démolir d'avantage, sauf si vous voulez que votre maison s'écroule.

    - Je comprends... Bah oui, on fera le minimum alors, sinon je ne pourrais jamais me débarrasser de cette maison.

    - Vous êtes déjà décidé à en partir ?

    - Oui, avec Corinne - ma femme - cette nuit, on en a parlé : Elle surtout, mais moi aussi, ne voulons pas vivre une minute de plus entre ces murs. »

    Philippe ne trouvait de réponse à dire, il l'invita donc à aller poursuivre les recherches dans les autres pièces la maison. Pendant que l'inspecteur examinait les différentes pièces, Olivier expliquait ce qui c'était passé et les bruits qu'ils avaient entendus depuis leur arrivée. Au bout d'une heure de recherches infructueuse, toujours sans indices valables, ils s'accordèrent pour faire venir quelqu'un pour creuser le mur dans la chambre, pour au moins avoir le cœur net sur ce qui pourrait s'y cacher derrière.



    - 31 -



    La douleur l'arracha de son sommeil : Marc, reprenait peu à peu conscience d'elle, de sa présence. Elle se faisait de plus en plus forte au fur et à mesure qu'il revenait à lui. Il voulait qu'elle arrête de progresser, qu'il retourne dans le néant sans douleur qu'il était en train de quitter. Mais rien n'y faisait, la douleur était déjà insupportable, il aurait pu croire qu'on lui brûlait gorge et oreilles au chalumeau tellement la douleur se faisait aiguë. Oui, il avait pu imaginer, mais il le savait, il se souvenait bien de ce qu'il subissait avant de s'évanouir, qu'il ait mal était une chose, mais pourquoi avait-il mal ? Dans quel état étaient ses oreilles ... sa gorge ?

    Les minutes passèrent, la douleur, elle, continuait. Elle était insupportable, elle devait cesser. Il essaya de se débattre, de se dégager de nouveau de sa prison. Dès lors il se rendit compte qu'il ne ressentait plus toute cette pression sur son corps, elle avait disparue... Il ne se sentait pas bouger non plus : la sensation de frottement qu'il avait auparavant en se déplaçant n'existait plus. Il se risqua à crier, sa gorge se fit encore plus douloureuse, mais il n'entendit aucun son. Il ne sentait pas non plus les muscles de son corps travailler malgré les efforts qu'il faisait pour tenter de se déplacer.

    Il ne sentait plus que la douleur.

    Et l'absence d'autres sensations le terrifiait.



    - 32 -



    Le mur de la chambre fut creusé, rien ne fut trouvé. Face au choix de démolir le mur encore un peu plus, ou de revendre la maison en un état acceptable, Olivier et Corinne firent le second choix. L'enquête fut suspendue faute de plus de preuves, il faut dire l'inspecteur Kerll n'était pas tellement emballé par ces histoires de forme humaine qui sortent des murs : il ne faisait pas ce métier là pour entendre ce genre d'extravagances, il le faisait pour résoudre des cas réels et concrets.

    Par contre, les habitant de Barelot furent très avides de cette histoire peu commune. Le bruit se répandit donc très vite dans la ville, que ce qui se passait à la maison du 110 rue pasteur n'était pas très catholique. Déjà que les deux morts successives du fils et de la mère Duval avaient émoustillés beaucoup d'esprit, l'histoire de gens dans les murs enfonça le clou dans l'esprit des habitants qui n'étaient pas encore convaincus par l'idée que cette maison était à éviter. Ainsi l'opinion publique dans la ville devenait sans équivoque : cette maison était peut être de nouveau à vendre, mais ce serait folie que de l'acheter.

    Pendant que leur maison était en vente, les trois membres de la famille Fayard dormaient à l'hôtel en attendant de pouvoir récupérer leur argent investi et de pouvoir rechercher une nouvelle maison. Malgré toutes les difficultés que la vie à l'hôtel leur imposait, à aucun moment ils ne pensèrent à retourner vivre dans la maison, pour rien au monde ils n'auraient passé une nuit de plus là bas.

    Cela faisait maintenant un mois que la maison était en vente, mais aucun acheteur se présentait, l'opinion faite sur la maison était bien trop négatif, personne n'en voulait. Et du côté de Corinne et d'Olivier l'attente se faisait longue, l'espoir de la voir être vendue s'amenuisait : de leur nouvelle vie si prometteuse qui commençait, ils avaient plongé dans l'horreur puis dans le cul de sac d'une situation inextricable pour laquelle ils ne voyaient pas d'issue.



    - 33 -



    Pourquoi d'un côté ais-je tant mal, et d'un autre je ne ressens plus rien ? Il m'a dit qu'il m'avait mis hors de porté des recherches, peut être suis-je dans un autre endroit et c'est pour cela que je ne ressens plus rien... Ou alors peut être est-ce pire... Est ce que j'ai encore un corps ? peut être que je ne suis plus qu'une tête qu'il aurait coupée et maintenu en vie je ne sais comment ? Peut être que je suis mort ?... Ou peut être que je ne ressens plus mon corps... A quoi je ressemble maintenant ? Qu'est ce que je suis devenu ? Qu'est ce qu'il à fait de moi ? Depuis combien de temps je suis ici ? C'est vrai que je ne sais même pas si on est le jour ou la nuit. J'ai l'impression d'être là depuis une éternité, j'ai l'impression d'avoir rêvé d'avoir vu un jour la lumière du soleil... tout cela me parait si loin maintenant : C'était le dix mars 1989, ce jour maudit pendant lequel Nicolas était mort. Donc deux semaines après ce fut la nuit où l'accident avec Carole était arrivé, et depuis je suis là... On était en mars 1989... c'était la nuit du vingt cinq ou du vingt six mars ?... C'était le début du printemps... j'aimais bien voir la nature s'éveiller au printemps... Est-ce que maintenant c'est l'automne au dehors ? l'été ?... Est-ce que tout le monde m'a oublié ? Qu'est ce qu'on à dit sur ma disparition ? Est-ce qu'on est encore au printemps ? Peut être que juste un mois c'est passé ?... J'en sais rien... je n'en sais plus rien... je ne sais même plus ce que je suis... oh mon dieu...



    - 34 -



    Il leur restait de moins en moins d'espoir de vendre la maison. Un soir ils reçurent un appel à l'hôtel, c'était l'agent immobilier responsable de la vente. La nouvelle était assez bonne : il avait eu une proposition d'achat pour démolir la maison et y construire un petit super marché à la place : en effet l'entrepreneur allait acheté les champs avoisinants, il ne lui restait plus qu'à acquérir le terrain de la maison. La moins bonne nouvelle était qu'ils devaient brader la maison en dessous de ce qu'avait été leur prix d'achat. Mais peu leur importait, il leur fallait récupérer l'argent, même s'ils en perdaient un peu au passage. Ils acceptèrent donc l'offre, et signèrent l'acte de vente le surlendemain.

    Ce fut deux semaines plus tard, pendant les premiers jours chauds et ensoleillés du mois de juillet que les bulldozers prirent la route de leur maison pour commencer les travaux.



    - 35 -



    - Bonjour Marc.

    - Heu... quoi ?encore vous ?

    - Oui, tu ne m'aime pas hein ?

    - Comment le pourrais-je.

    - Les bulldozers arrivent, ils sont en chemins, ils vont démolir la maison.

    - Quoi ? mais je suis dedans n'est ce pas ?... Non... vous ne pouvez pas ?

    - Oui, tu es dans la maison.... Et je suis d'accord, j'ai été trop cruel... je... regrette.

    - Heu... Mais qu'est ce qui me dit que vous le regrettez.

    - Je vais te libérer d'ici.

    - Hein ? C'est vrai ?

    - Oui, c'est vrai, je vais te laisser partir.

    - Enfin ! je vais enfin pouvoir retrouver ma liberté !

    - Oui, allez, il ne faut pas perdre de temps, j'entends les moteurs des bulldozers.

    - Je ne les entends pas.

    - Laisse-moi d'abord te sortir de là, tu verras tout cela après.

    Marc sentit quelque chose le pousser dans son dos. Il se sentait heureux : il allait recouvrer la liberté, il n'y croyait pas, cela lui paraissait tellement merveilleux.



    - 36 -



    Puis il se sentit comme aspiré devant lui, d'un coup, tout ne fut plus que lumière, il était complètement aveuglé, il reçut un très gros coup à la tête, il plissa les yeux sous le choc. Il les rouvrit et peu se rendre compte que la lumière qui l'aveuglait était la lumière du jour qui passait à travers le toit en morceau : il était dans le grenier de sa maison.

    Marc était allongé sur le dos, il sentit l'air s'engouffrer de nouveau dans ses poumons, mais il ne sentait pas l'air passer par sa bouche ou ses narines. Il respirait au travers du trou béant à sa gorge. Il essayait de bouger, mais rien n'y faisait, à la base de sa nuque on pouvait distinguer un amas d'os et de chair mélangés : sa moelle épinière était sectionnée au niveau des cervicales. Ainsi il ne ressentait plus rien, même la demi jambe gauche qui lui restait ne lui causait plus aucune douleur.

    Il resta comme cela pendant quelques secondes avant de comprendre.

    Comprendre qu'il ne pouvait bouger ou crier.

    Comprendre qu'on lui avait rendu la liberté pour mieux le voir mourir.

    Le godet de la pelleteuse était au-dessus de lui, il ne l'entendait pas, tout était calme, paisible : les deux trous rougeâtres et cayeux de chaque côté de sa tête ne pouvaient lui permettre d'entendre quoi que ce soit.

    Le godet s'abattit sur le toit, puis sur lui.

    Il ne sentit rien, aucune douleur, aucun bruit, il se sentait comme un spectateur, comme si tout cela ne lui arrivait pas puisqu'il ne sentait rien : il put juste voir un peu de sang gicler, puis quelques secondes plus tard, il ressentit de la chaleur vers sa nuque : il baignait maintenant dans son sang, le corps coupé en deux au niveau de l'abdomen, les jambes avaient été emportées vers les étages inférieurs par le godet.

    Le ciel est si bleu, le soleil brille tant... ce que c'est beau... Il me réchauffe le visage... ce que c'est bon... le ciel est si beau...

    Il se sentait fatigué, si fatigué, de plus en plus fatigué.
     
     
     
     
     
     

    Print Friendly and PDF

     

     

     

    Partager via Gmail Yahoo! Blogmarks Pin It

    Tags Tags : , , ,
  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :