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    L'hôtel de Ram Inn

     

    L'hôtel de Ram Inn

     

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    J’adore l’Angleterre, ce pays regorge d’histoires intéressantes. Il y en a une qui est particulièrement connue en ce qui concerne le cas des maisons hantées. Il s’agit de celle de l’hôtel Ram Inn. Il se situe dans le comté de Gloucestershire situé dans le sud ouest de l’Angleterre. Nombreux sont, à l’heure actuelle les spécialistes et curieux qui se pressent pour attester de tout ce qui est raconté sur cet endroit. 

      

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    Alors menacé de destruction, la maison  a été mise en vente pour 2600 Livres avec la condition d’être remis à neuf par le nouveau propriétaire. John Humphries a sauté sur l’occasion. On est alors en 1968 et la bâtisse date de 1145 donc imaginez son état… 

      

    Autrefois cette maison appartenait à l’église et le prêtre y vivait. Il y aurait d’ailleurs un passage secret entre les deux bâtiments. 

      

    Il l’a donc remis en état afin d’en faire un hôtel et de pouvoir accueillir les clients dans de bonnes conditions… c’était sans compter sur le fait que la maison serait hantée. 

      

    Dès sa première nuit, il s’est passé des choses étranges. Il s’est réveillé en sursaut ayant l’impression que des mains glacées s’étaient posées sur lui. Ne prenant pas vraiment cela au sérieux, il continua comme s’il ne s’était rien passé. 

      

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    En faisant la décoration, John a placé en haut de l’escalier un tableau représentant le révérend John Wesley. A partir de ce moment, des phénomènes ont commencés à être récurrents et particulièrement violents. Les fenêtres s’ouvraient et on entendait frapper aux portes à tout moment de la journée sans qu’il n’y ait personne pour le faire. Sa fille avait si peur qu’elle ne voulait plus monter ou descendre les escaliers seule. A partir de là, John prit la chose au sérieux et enleva le tableau. 

      

                Encore aujourd’hui, sa fille voit une sorte de créature ressemblant à un chat noir apparaître lorsqu’il se passe quelque chose de bizarre. En parlant de choses bizarres, les clients ne sont pas en reste. Certains ont été éjectés de leurs chaises et d’autres ont été réveillés avec la même sensation que John avait ressenti la première nuit. 

      

                Il y a un endroit en particulier au sein de cet hôtel pour lequel tous les phénomènes sont recensés, il s’agit de la chambre de l’évêque. Des sceptiques y ont dormi et même eux ont dit qu’il était difficile de s’endormir. 

      

                Un fantôme y a été aperçu à plusieurs reprises. Il s’agirait de Lady Elisabeth qui a été assassiné dans la maison et enterré sous le bar. En parlant d’enterrement, il y a peu de temps, ils ont creusé le sol sous l’escalier et ont découvert la tombe d’un enfant. Depuis on entendrait des pleurs régulièrement. 

      

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                Comme je vous l’ai dis un peu plus haut, nombreux sont les scientifiques qui s’y bousculent. Malheureusement pour eux, systématiquement leurs appareils tombent en panne à l’intérieur de la maison et lorsqu’ils ressortent tout se remet à fonctionner. 

      

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                Certains ont réussi à prendre des photos et une est assez connue. On y voit une horloge et un visage y apparait. 

      

                En ce qui concerne la maison je dis pourquoi pas, le lieu est très vieux et les témoignages ne manquent pas. Pour ce qui est de la photo, personnellement je suis toujours plutôt sceptiques c’est comme les fameuses Orb qui parfois apparaissent (des sortes de cercles de quelques millimètre de couleur blanches) ça arrive souvent et est due au flash donc j’ai du mal à y croire. Là sur la photo personnellement je vois tout plein de visages mais pas un en particulier alors il s’agirait très probablement de pareidolie, cet effet psychologique très rependu chez les humains qui ont tendance à voir des visages partout ou des formes connues, citons les nuages dans lesquels ont voient des animaux par exemple. 

      

     

    Je n’ai pas trouvé de reportages concernant l’hôtel, ou du moins pas en français, je vous dirige vers une émission d’Exocet qui en a parlé. Il existe sinon sur le net des vidéos d’émissions en anglais sur ce cas. 

     

     

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    Je viens te chercher...

     

    Je viens te chercher...

      

     

    Ce soir-là, les parents d'Aurélie allaient au théâtre. Ils avaient insisté pour qu'elle vienne avec eux, mais elle avait refusé : L'envie de pouvoir passer une soirée toute seule à l'appartement la tentait trop. Elle avait maintenant douze ans et ses parents n'avaient pas vu d'objection à la laisser seule pour une soirée.

     

    Ils étaient déjà partis depuis une bonne heure, et Aurélie était tranquillement installée sur le canapé, occupée à regarder la télé. Posée sur ses genoux, une assiette qui était bien remplie il y a encore peu de temps était maintenant presque vide. Repue, ayant fini de manger, elle posa l'assiette par terre pour que son chien, Floppy, vienne la lécher.

     

    Les minutes passaient et Aurélie était toujours hypnotisée par la télé, mais son chien ne venait pas. Finalement, préoccupée par son absence, elle l'appela :

     

    « Floppy ?... Floppy ?... Hé mon toutou ! il en reste encore un peu dans l'assiette ! T'en veux pas ? »

     

    Mais Floppy n'arrivait pas.

     

    Alors Aurélie, un peu inquiète, se leva et regarda autour d'elle : Il n'était pas dans le salon. Elle partit voir dans la cuisine, il n'était pas là non plus :

     

    « Floppy ? ... Allez mon p'ti chien ! Tu t'es caché où ? »

     

    Elle sursauta quand le téléphone à côté d'elle sonna. Elle hésita juste un instant, puis décrocha :

     

    « Allo ?

     

    - ...

     

    - Allo ? C'est qui ?

     

    - Ca va Aurélie ? 

     

    - Heu... vous êtes qui ? Je ne vous connais pas ?

     

    - Mais moi je te connais ! Je connais encore mieux ton chien d'ailleurs... Au fait, tu le cherches ? Tu sais, tu ne risques pas de le trouver, je me suis occupé de lui, puis je l'ai mis dans une cave du sous-sol de l'immeuble. »

     

    - Quoi !

     

    - Là je suis à côté de lui, et il est un peu mal en point tu sais.

     

    - Vous avez fait du mal à Floppy ?

     

    - Oh, si peu... Mais maintenant Aurélie, c'est à ton tour : je viens te chercher !»

     

    Submergée par l'effroi, elle raccrocha le téléphone.

     

     

     

    Il allait venir ! Il avait pris Floppy !... Ca n'était pas possible ! Ca ne pouvait pas être vrai ! C'était une plaisanterie ! Floppy devait être encore tranquillement quelque part dans l'appartement !

     

    « Floooppyyyyyy ! Alleeezzzz ! Viens ici s'il te plait ! »

     

    Elle commençait à courir vers la chambre de ses parents quand la sonnerie du téléphone reprit et lui glaça le sang : Il rappelait.

     

    Il n'y avait rien dans la chambre, tout était en ordre, Floppy n'y était pas.

     

     

     

    Et le téléphone, entêté, continuait de sonner.

     

     

     

    Aurélie courut alors vers la salle de bain et ouvrit la porte à toute vitesse espérant voir Floppy à l'intérieur : mais elle était vide.

     

    Apeurée, elle regarda dans la baignoire, craignant de ce qu'elle aurait pu y découvrir, mais il n'y avait rien non plus.

     

     

     

    Et le téléphone, obstinément, continuait de sonner.

     

     

     

    La sonnerie obsédait et stressait de plus en plus Aurélie, elle finit par craquer : Elle couru jusqu'à la cuisine, et nerveusement prit le combiné.

     

    « Ca n'est pas très poli de raccrocher au nez des gens, Aurélie.

     

    - ...

     

    - Tu sais où je suis ?

     

    - Heu... n... heu... n... non.

     

    - Au rez-de-chaussée, je suis sorti de la cave, et je continue de monter !

     

    - Vous... vous... allez... ! Non, j'... j'ai... j'ai peur !

     

    - Ah oui ? Tu as peur ? C'est bien ça !

     

    - ...

     

    - Et tu sais, si tu bouges de chez toi, je redescends et je tue ton chien !

     

    - Quoi ! ne faites pas de mal à Floppy, il est gentil ! Il fait de mal à personne ! »

     

    Aurélie pleurait, elle tremblait à tel point qu'elle avait du mal à tenir le combiné du téléphone dans sa main.

     

    La voix à l'autre bout du fil reprit :

     

    - Tu sais Aurélie ?

     

    - Nooonnn, arrêêêteeezz, et ne faites pas de mal à Floppy !

     

    - Je suis au premier étage maintenant ! »

     

    Aurélie fut prise d'une énorme montée de panique : Elle habitait au deuxième étage ! Elle raccrocha le téléphone : Il était tout proche d'arriver.

     

     

     

    Il fallait qu'elle se cache, elle pensa à aller sous le lit, ou encore dans la baignoire, mais elle se dit qu'il la trouverait facilement dans ces endroits-là.

     

    Le téléphone se remit à sonner, le son la fit sursauter.

     

    Aurélie avait douze ans et sa petite taille lui donna soudain une idée : Elle ouvrit la porte des placards sous l'évier, et doucement, elle se glissa dedans en poussant tout au fond les bouteilles de produits ménagés. Elle se recroquevilla, arriva à trouver assez de place pour s'y glisser complètement, puis referma la porte de l'intérieur.

     

     

     

    Et le téléphone continuait de sonner...

     

    Et le téléphone n'arrêtait pas de sonner...

     

    Et la sonnerie continuait, entêtée, obstinée...

     

    Et la sonnerie devenait insupportable !

     

     

     

    Brusquement, à bout de nerfs, sans réfléchir, elle sortit de sa cachette, et décrocha le combiné. Fauchant ses derniers espoirs d'entendre ses parents au bout du fil, la même voix sinistre reprit :

     

    « Quand même ! Tu as fini par décrocher Aurélie.

     

    - ...

     

    - Tu sais où je suis ? »

     

    Aurélie ne répondit pas, elle était pétrifiée, peut-être était-il juste à côté d'elle, là, dans l'appartement.

     

    « Je suis au troisième étage, et je viens te chercher ! »

     

    La surprise s'empara tout d'abord d'Aurélie : Il ne s'était pas arrêté à son étage ! Il ne s'était pas arrêté au second ! Puis comme un éclair dans sa tête, elle se dit qu'elle avait là une occasion unique pour s'échapper. Sans réfléchir plus longtemps, elle raccrocha le téléphone et se précipita à la porte d'entrée. Doucement et promptement, elle ouvrit la porte et se glissa à l'extérieur : sur le palier il n'y avait personne. Sans prendre plus de temps pour observer les étages, elle descendit l'escalier à toute vitesse. Elle était pieds nus, et l'escalier était froid, mais au moins elle ne faisait pas de bruit.

     

     

     

    Elle descendit en trombe jusqu'au rez-de-chaussée. Là elle s'arrêta net : elle entendait les gémissements d'un chien provenir de la cave, elle en reconnu le son : C'était Floppy, il était là, en bas. Elle aurait voulu sortir de l'immeuble, puis courir sans plus s'arrêter, mais son petit chien était dans une des caves du sous-sol de l'immeuble, peut être blessé, peut être en train de souffrir, peut être en train de mourir. Des larmes coulèrent sur les joues roses d'Aurélie. Torturée par les plaintes de son chien, elle ouvrit la porte de la cave, et descendit.

     

     

     

    Elle entendait son chien gémir, de temps en temps il émettait un petit aboiement timide. En se guidant au son, elle finit par trouver la cave : La porte était ouverte, Floppy gisait sur le sol, couché sur le côté, les pattes avant et arrière attachées. Quand il vit Aurélie, il aboya un peu plus fort. Le voir comme ça la fit pleurer.

     

    « Bouh ! Floppy... Hmmm... hmmm... hmmmph... je vais te détacher mon petit chien... oh ! mon petit chien... »

     

    Elle s'approcha précipitamment vers lui, il aboyait avec force maintenant. Elle s'accroupit à côté de lui, elle commençait à défaire ses liens tout en réfléchissant : Le téléphone sonnait quand il est passé du premier au troisième étage... Mais alors il aurait dû entendre la sonnerie quand il est passé sur le palier ?... Il aurait dû entendre le téléphone sonner ? vu le bruit qu'il fait !... Alors si... si... s'il avait vraiment été dans... l'escalier, pourquoi il...

     

     

     

     

    JE SUIS DERRIERE TOI !

     

     

     

     

     

     

     

     

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    Dans le gouffre du sommeil

     

    Dans le gouffre du sommeil

     

     
     
     
    Dormir...

    ... Maintenant cette idée la terrifiait.

    Malgré la douce chaleur de la couette qui l'invitait au sommeil, elle n'arrivait pas à dormir, elle savait trop ce qui l'y attendait :

    Il y avait ce rêve.

    Cet effroyable rêve, enfermée dans cette boîte sans lumière et trop petite pour la laisser bouger.

    Ce cauchemar, emprisonnée dans ce cercueil, qui finissait toujours par voler en éclats...

    ... et puis cette horrible sensation de chute qui s'en suivait toujours.



    Quand elle avait eu ce rêve pour la première fois, elle s'était réveillée, terrifiée, tellement marquée qu'il lui fallut bien une bonne heure avant de pouvoir se rendormir. Puis la nuit suivante, et encore celle d'après... toutes les nuits, ce rêve revenait, hantait son sommeil... et pendant le jour, ne lui laissait plus que la crainte de la prochaine nuit.

    Elle avait bien essayé d'en parler à ses amis, même à ses parents, mais elle n'avait trouvé aucune oreille attentive à ses problèmes. Alors entre moquerie et inattention, elle finit par se renfermer petit à petit sur elle-même.



    Deux semaines s'étaient écoulées depuis. Il était maintenant une heure du matin... et malgré la peur, elle avait fini par se laisser aller : elle dormait.



    Elle ouvrit les yeux sur le néant, aucune forme ne se détachait dans cette obscurité totale. Elle se retrouvait une énième fois enfermée, debout dans cette boîte tellement étroite qu'elle ne pouvait pas même relever les bras.

    Surtout il fallait qu'elle reste calme : les premières fois, elle avait complètement paniqué, mais cela n'avait rendu l'expérience que plus dure.

    Le manque d'air se faisait maintenant sentir, mais elle se tenait tranquille, elle savait qu'il ne fallait pas lutter, elle attendait, immobile, telle une momie dans son sarcophage, que celui-ci daigne s'ouvrir.



    Et encore une fois ce grand fracas assourdissant qui venait de toutes parts, et les parois de ce cercueil qu'elle sentit propulsées loin d'elle.

    Son corps s'en trouvait ainsi libre...

    ... libre d'être emporté vers cette chute vertigineuse...



    Elle avait déjà désespérément essayé d'éviter cette effroyable chute en s'accrochant aux parois avant que tout ne se disloque. Mais elle n'arrivait à s'agripper d'aucune façon à leur surface lisse... et à chaque fois elle tombait, et instantanément l'horrible sensation de vide et de chute la tirait du sommeil.

    Mais maintenant, elle voulait que tout cela s'arrête.

    Elle voulait percer le secret de ce cauchemar obsédant et récurant.

    Cette fois-ci, elle ferait tout pour savoir ce qui l'attendait au bout du rêve... après la chute.



    Le silence était absolu, même pas le bruit du vent autour d'elle, d'ailleurs elle ne sentait pas d'air contre elle... Elle ne ressentait que ce vertige, cette affreuse sensation de chute qui la terrifiait et lui retournait l'estomac. Elle paniquait, mais résistait, elle gardait ses yeux vigoureusement fermés et cherchait péniblement à se calmer. Elle se sentait de plus en plus envahie par la nausée, le vertige et la peur.

    Puis un son lui perça les tympans : aigu et strident, une espèce de grincement ininterrompu. Elle se tint les oreilles à deux mains, elle essaya de crier, mais sûrement couvert par ce bruit atroce, elle n'entendit rien sortir de sa bouche. Le bruit augmentait, devenait complètement insupportable, elle allait devenir folle si cela continuait. Et subitement, l'insoutenable crissement s'interrompit... le silence revint.

    Puis progressivement, le calme s'installa à nouveau en elle, peu à peu la sensation de chute se dissipa, et lentement tout son corps lui sembla plus reposé, plus détendu, lui donnant finalement l'impression d'être enveloppé dans du coton. Elle se sentait plus calme, presque somnolente, comme à demi endormie, comme si tout s'éloignait petit à petit...

    ... Elle se réveilla, allongée dans son lit.



    La lumière était allumée, sa mère, agenouillée à ses côtés, la regardait tendrement, son doux visage éclairé par la chaude lueur de la lampe de chevet. Elle se sentait en sécurité, calme et reposée. Elle voulu alors dire à sa mère qu'elle était contente de la voir, de la sentir près d'elle après cette expérience terrible... Mais elle n'arrivait pas : ses lèvres ne bougeaient pas ! Elle essaya plusieurs fois, mais elles restaient inexorablement figées. Paniquée, elle tenta de bouger la tête, mais sans résultats. Puis, horrifiée, elle essaya de bouger un bras ou une jambe, pourtant son corps resta invariablement immobile. A part ses yeux, elle demeurait complètement figée, et c'est quand elle les tourna à nouveau vers sa mère que sa terreur fut totale : Elle se décomposait devant elle, sa peau n'était plus qu'une croûte grise qui tombait en lambeaux, laissant apparaître la chair rougeâtre et suintante. D'ailleurs, des centaines de petits vers commencèrent à sortir de toutes ses plaies et rampaient maintenant partout sur son corps. Ses lèvres finirent par pendre, se détachèrent progressivement, et finalement tombèrent, laissant ses mâchoires à nu. Son sourire n'était plus, il avait fait place à deux rangées de dents pourries. Puis les paupières suivirent, et tombèrent à leur tour...



    Elle avait envie de hurler, de pleurer, mais elle ne pouvait rien faire, impuissante, figée dans ce lit, avec le spectacle de ce qui restait de sa mère se décomposant devant elle. Son effroi atteignit des sommets : Ce qui n'était plus qu'un cadavre décomposé se penchait vers elle, et tendait lentement une main vers son visage ! Elle essaya de se débattre, mais toujours figée, elle ne put qu'assister, impuissante, à cette main qui vint lui caresser doucement la joue : Elle était humide et glacée, et sa joue devint de plus en plus froide, puis se fut tout son visage qui s'engourdit. Très vite, elle sentit tout son corps se geler... un immense froid l'envahit, la mordit, la dévora. Et petit à petit elle se sentit partir, s'éloigner de tout cela. Elle percevait de moins en moins le froid... tout s'assombrissait, tout disparaissait...



    Le lendemain, les parents la trouvèrent morte dans son lit : étouffée pendant la nuit : L'analyse révéla qu'elle souffrait d'apnée du sommeil.

    Le réveil causé par la sensation de chute lors de ses cauchemars l'avait empêché de succomber à l'étouffement... Sauf cette nuit où elle avait cherché à savoir ce qui pouvait se cacher derrière cet abîme, au-delà de ce gouffre dans lequel elle tombait chaque nuit.
     
     
     
     
     
     

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    Derrière la porte

     

    Derrière la porte

     

     
     
     
     
     
    Laissez-moi vous conter ce soir funèbre où ma vie a basculé, ce soir où j'ai bien cru que j'allais mourir, ce soir où j'ai perdu la raison : c'était un soir de printemps, j'avais alors 14 ans.

    A cette époque, ma grand-mère maternelle n'allait pas bien du tout. Elle était à l'hôpital depuis déjà deux ou trois semaines, j'étais allé la voir quelques fois avec mes parents, mais elle ne me paraissait pas vraiment bien aller, et je ne pouvais m'empêcher de me dire qu'elle ne rentrerait plus chez elle. Et puis aussi ce jour-là il avait fait beau, et je me sentais bien, ainsi, lorsque mes parents m'ont proposé d'aller la voir, avec eux, en cette fin d'après-midi, j'ai refusé. Mon père a alors suggéré d'aller au restaurant pour se détendre après la visite à l'hôpital, l'idée tentait ma mère, mais moi je voulais rester à la maison. Alors sans attendre je leur ai dit que je pouvais bien passer la soirée tout seul. Ils m'ont alors proposé d'inviter des copains si je le voulais, et je ne me suis pas fait prier pour accepter ! C'est ainsi que je me suis retrouvé ce soir-là avec Arnaud et David : deux amis avec qui je passais la majeure partie de mon temps depuis le début du collège.

    Nous nous trouvions dans ma chambre à écouter de la musique. Sans explications, Arnaud baissa le volume. David et moi le regardions, intrigués, puis finalement d'un air amusé il nous demanda :

    - Dites, ça ne vous dirait pas qu'on se raconte quelques histoires qui font peur, hein ? Ca pourrait être sympa, non ?

    J'hésitais quelques peu, surpris par cette proposition. Finalement David accepta, et je le suivis. Alors Arnaud tout en coupant la musique, nous demanda :

    - Alors ! qui commence ?

    Tout d'abord, aucun de nous ne répondit. Moi j'avais bien une idée d'histoire, mais je n'osais pas trop la raconter... Et mon dieu ! J'aurais vraiment bien fait de me taire ce soir-là, mais je ne l'ai pas fait : En effet, timidement je finis par répondre :

    - Heu... moi... à la limite... j'en ai bien une.

    - Ah ?

    - Ouais mais heu... je sais pas si elle va bien rendre... je...

    - Bah allez, te fait pas prier, vas-y !

    Et je l'ai fait, malheureusement, je l'ai fait : Je me suis assis en tailleur sur le lit, et pendant que d'un air grave je fixais alternativement Arnaud et David, ils se sont assis autour de moi, au bord du matelas. J'ai laissé passer quelques secondes afin de rendre l'atmosphère encore un peu plus lourde, puis j'ai entamé mon récit :

    « C'est une histoire assez terrible dont j'ai entendu parler une fois. Cela se passait il y a quelques années : Un père de famille rentrait chez lui après le travail, il trouva sa maison en train de brûler. Il habitait à la campagne, et il n'y avait pas de voisins pour alerter les pompiers. Il pensa tout de suite à son fils de sept ans qui était peut-être dans la maison, il se précipita alors à l'intérieur, cria pour l'appeler, et... il eut une réponse ! Son fils était bloqué dans sa chambre, le père couru jusqu'à la porte, essaya de l'ouvrir, mais elle restait bloquée : Dans la chambre, une poutre tombée du plafond l'empêchait de s'ouvrir. Il cogna, et cogna encore de toutes ses forces contre la porte, il se ruait contre elle, son fils hurlait, il appelait à l'aide, et lui, il paniquait : la porte ne s'ouvrait pas. Il se rua encore contre elle, il hurlait de rage, pleurait de désespoir, il ne réfléchissait plus, il n'y avait plus que cette porte, et son fils qui hurlait de l'autre côté. Il a appelé à l'aide jusqu'à la fin : Son fils à brûlé dans la maison, et le père aussi. Il n'a jamais réussi à ouvrir la porte, et il est resté à se ruer contre elle jusqu'à sa mort. »

    Arnaud me regarda l'air dégoûté, et me dit :

    - Ben dit donc, c'est glauque !

    - C'est pas joyeux en effet, répondit David avant que je ne réagisse. Il avait aussi l'air assez choqué par l'histoire. 

    C'est alors que, emporté par ce succès, j'ai raconté la suite. J'ai été stupide, elle me faisait aussi peur qu'à eux cette histoire, surtout la suite... et j'ai vraiment été idiot d'avoir continué, je n'aurais jamais dû, jamais.

    « Oui, mais vous ne connaissez pas la suite... Parce que depuis lors, le fantôme du père cherche toujours à ouvrir la porte et à sauver son fils. Et si tu dis... heu... je ne préfère pas le dire vraiment... Mais en gros si tu appeles à l'aide en criant « papa », que tu dis que tout brûle, et que tu lui demandes de venir te chercher, cela attire le fantôme, et il arrive derrière ta porte pour te prendre »

    David, pensif, me regarda l'air intrigué, et calmement me dit :

    - Purée ça fout les boules, c'est sûr... Mais bon toi, tu as déjà essayé de l'appeler ?

    - Non... ça me fait assez peur comme ça ! Je n'ai pas envie d'aller vérifier. »

    Arnaud, une lueur d'excitation dans le regard, observa David, puis moi, et finalement nous demanda :

    - Hé ! ça vous dirait d'essayer ?

    Je me crispai, comprenant que je n'avais pas du tout envie d'essayer une chose pareille, je regrettai déjà d'en avoir parlé. Mais David, lui, semblait y réfléchir, et au bout de quelques secondes il finit par lever la tête et dire « ouais ! Pourquoi pas ! ».

    J'allais leur dire que je ne souhaitais pas du tout faire une telle chose, mais Arnaud n'attendit pas que je manifeste mon opinion : Sans me porter le moindre regard, il commença à parler d'une voix aiguë et chevrotante, cherchant à imiter celle d'un petit garçon :

    - Papa ! ppaaappppaa, à l'aaaaiiiiiide, tooouuut brrrûûûûle autour de moi, j'ai peeeeeuuurrr !

    Il souriait, mais moi pas du tout : j'étais vraiment terrifié. Mais lui il souriait, et David le regardait avec amusement, sans rien dire. Et il reprit encore de plus belle, sa voix était maintenant plus forte, il criait presque :

    - JJEEEEEE BRRRRRUUUUUUULLLE, PPPPAAAAPPPPPAAAAAA, JEEEE BRRRUUUULLLLEEE, AAAAAAAAHHHHHHHH !

    - ARRETE MAINTENANT ARNAUD ! C'EST PAS DROLE.

    C'était sorti comme ça, je le fusillais du regard, je me sentais énervé, mais j'étais surtout terrorisé, j'avais vraiment peur, et je ne voulais pas en entendre plus.

    - Ben... quoi ? T'as peur ? Oh, allez c'est pas grand-chose, non ? C'est une histoire ! c'est tout ! Allez... 

    Et toujours ce stupide sourire aux lèvres il reprit :

    - PAAAAAPPAAAAAA JEEEE T'EEEEENNN SSSUUUUPPPPLLLLLIIEEE, PAPAAAAAA, IL Y A LE FFEEEUU PAAARRRRTTT...

    - TU ! ... ARRETES ! ... MAINTENANT ! ... COMPRIS ? »

    Là il s'était tu, il n'y avait plus un bruit dans la chambre, Arnaud me regardait, l'air étonné, sûrement qu'il avait été surpris par l'agressivité et la colère que je venais de déployer pour lui crier de s'arrêter : J'en étais d'ailleurs essoufflé, et je le fixais du regard le plus réprobateur et colérique que je pouvais.

    On ne parlait plus, Arnaud et moi restions là, immobiles, à se fixer mutuellement. Finalement, David, tout timidement, finit par dire :

    - Bon, allez les gars, on ne va pas se disputer pour ça, hein les...



    « BOUM ! ... BOUM ! ... BOUM ! ... »



    Nous avons sursauté tous les trois, une décharge d'adrénaline m'a envahi. Je me suis braqué ainsi que mes deux amis vers la source du bruit : vers la porte de ma chambre. Le bruit continuait, impassible et terrifiant :



    « ... BOUM ! ... BOUM ! ... BOUM ! ... »



    - C'est quoi ce boucan ! s'écria Arnaud dont la voix couvrait à peine le bruit de coups de plus en plus fort qui provenait de la porte.

    - Si c'est une blague, c'est vraiment pas drôle, rétorqua David qui se tenait maintenant debout, plaqué contre le mur opposé à la porte. Il semblait mort de peur, il fallait dire que moi aussi je l'étais.

    Et puis là, en prime des coups contre la porte, ont commencé les cris, ces horribles cris qui malheureusement resteront je crois bien à jamais gravés dans ma mémoire. Je peux les entendre encore aujourd'hui alors que je vous parle : Cela ressemblait à un monstrueux mélange entre le brame d'un cerf et le cri d'un éléphant, même si cette description ne me semble pas si proche de la réalité, je ne trouve pas trop de comparatifs pour l'exprimer. Ce cri était en tout cas inhumain, aigu et profond, d'une tristesse infinie et d'une agressivité sans nom... Et les coups contre la porte, et ce cri horrible, continuaient, sans relâche... sans la moindre trêve. J'étais terrorisé, je m'étais rabattu vers les oreillers du lit, et je les serrais d'ailleurs très fort. Arnaud lui, plus valeureux, même s'il n'avait pas l'air très fier, avait saisi ma chaise de bureau, et la brandissait, prêt à frapper ce qui pourrait entrer dans la chambre.

    Mais ce fut David qui paniqua le plus, les cris immondes avaient dû finir de ronger les dernières subsistances du courage qui l'empêchait de s'écrouler : Il était maintenant assis contre le mur, recroquevillé sur lui-même, son visage était tout rouge, il pleurait, il gémissait, mais entre ses larmes il finit par parler un peu :

    - ooohhhhh noooonnn, c'est quoi ce truc, j'ai peeeuuur, à l'aide, à l'aaaiiiide.

    Immédiatement, comme pour répondre aux geignements de David, le cri se fit encore plus fort, encore plus déchirant, encore plus terrifiant. Cette fois-ci les coups redoublèrent contre la porte, elle était parcourue de soubresaut, mais bizarrement ou plutôt monstrueusement, elle restait fermée, et ne se brisait pas.

    Puis la panique finit d'envahir David, il se leva, ouvrit la fenêtre, et tout en pleurant nous dit :

    - J'veux pas rester là moi, j'préfère tenter ma chance par dehors.

    - Non, fais pas...

    Mais j'eus à peine le temps de réagir, qu'il était déjà en train de se laisser glisser par l'encadrement de la fenêtre. Et le temps de me lever du lit pour aller le retenir, je l'entendais déjà glisser sur les ardoises du toit... puis, je ne l'entendis plus. Son silence m'a semblé durer très longtemps, et ce fut son cri, déchirant, qui me renvoya à la réalité :

    « AAAAAHHHH, J'AI MMAAAAALLL ! JE SUIS TTTTOOOOMMMBBEEEEE ! MMMOOONNNN DDDDOOOOSSSS, AAAAAHHHH J'AI MMAAAAAALLLL ! »

    Et là l'horreur fut totale : A travers l'encadrement de la fenêtre, je regardais David, qui hurlait, gisant sur la terrasse du jardin, en bas. Et les cris émis par ce qui était derrière la porte devinrent complètement fous et assourdissants. Les coups portés devenaient plus fréquents, à un rythme monstrueux, insoutenable : Je devenais fou, tout cela était un cauchemar implacable, terrifiant, et les cris de David qui agonisait en bas ne faisaient qu'ajouter à l'horreur de la situation. Surtout que ni Arnaud ni moi ne pouvions sortir de la chambre pour lui venir en aide.

    Et l'odeur ! Je ne m'en étais pas rendu compte au début, mais maintenant l'air de la chambre en devenait suffocant tellement la puanteur était atroce. Une odeur de viande pourrie, mêlée à celle de cochon brûlé : et mon dieu c'était insoutenable, abominable. Je me suis détourné de la fenêtre : je vis Arnaud qui restait immobile, debout, sa chaise dans les mains, les yeux écarquillés, il avait l'air ailleurs. Je me demandais comment il faisait pour rester en plein milieu de la pièce, alors qu'elle baignait dans cette puanteur. C'est alors que sans bouger plus que la main, il finit par lâcher sa chaise, puis un soubresaut le parcouru, il se courba en deux, et vomis abondement sur la moquette. La vision que j'avais devant moi d'Arnaud vomissant, le son que cela produisit, ainsi que l'odeur qui se mêlait à celle immonde de viande pourrie et brûlée, en était trop pour moi aussi, et je vomis à mon tour.

    Je me sentais fatigué, je m'appuyai dos au mur, David continuait d'hurler au dehors, et les coups sur la porte n'arrêtaient plus, ils avaient encore redoublé. J'eus alors l'idée que les cris de David au dehors pouvaient stimuler la source de tout cela, et sans réfléchir d'avantage, je me retournai vers la fenêtre et la refermai avec empressement. J'eus du mal à expliquer à Arnaud pourquoi j'avais fermé la fenêtre, pourquoi on allait pas aider David. Mais il fallait arrêter de faire du bruit, des geignements, des plaintes qui pouvaient attirer ce qu'il y avait derrière la porte. Il fallait attendre qu'il s'en aille, avant de descendre au rez-de-chaussée appeler quelqu'un au téléphone pour venir en aide à David. Arnaud finit par comprendre, et nous nous sommes calmement assis, terrifiés malgré tout par cette ambiance cataclysmique de coups ininterrompus contre la porte, par ce cri immonde qui nous perçait les tympans, et par cette odeur insoutenable qui se mélangeait maintenant à l'odeur de nos vomissures.

    Et nous avons attendu que tout cela s'arrête, nous étions assis en tailleur, à même le sol, sans bouger, pales et terrifiés. Progressivement les cris se sont calmés, l'odeur s'est atténuée, et les coups contre la porte ont baissé en fréquence et en intensité... jusqu'à ce que le silence revienne enfin, et que nous pouvions de nouveau entendre, étouffés à travers la fenêtre fermée, les cris de douleur de David qui gisait toujours au dehors.

    Arnaud me regarda alors, et à voix basse me demanda :

    - A ton avis maintenant, qu'est ce qu'on fait ?

    Je réfléchis un peu avant de répondre, puis dit :

    - Il faudrait téléphoner aux pompiers, ou je sais pas... à une ambulance ! Pour venir en aide à David.

    - Il est où le téleph...

    - Le téléphone est en bas.

    - Tu penses que c'est parti ?

    - Ben... on ne l'entend plus...

    - C'est vrai...

    - Va falloir descendre... en bas... Heu... j'ai pas trop envie... de... de... sortir. Je...

    - Bon, je vais y aller... De toute façon, il est plus là, hein ?

    - Heu... t'es sûr ?

    - Mais oui.

    Arnaud se leva alors lentement. D'un pas hésitant, il s'avança jusqu'à la porte. Saisis doucement la poignée, et poussa légèrement la porte qui s'entrebâilla sur le couloir. L'air amusé il se retourna vers moi, et dit à haute voix:

    - C'est dingue, la porte était ouverte, il est con ce fan...

    Mais il n'eut pas le temps de finir sa phrase que comme un éclair, une main surgit de l'encadrement de la porte entrebâillée, se rallongea d'une manière monstrueuse et vint agripper Arnaud à la taille : Celui-ci restait pétrifié, sans même crier, les yeux écarquillés. A première vue, la main, et le bras m'avaient semblé de couleur noire, mais à cause des petites brillances, de ces sortes d'écailles que je discernais dessus, j'eus l'horreur de deviner que toute la peau de ce « bras » qui s'enroulait maintenant autour de la taille d'Arnaud était entièrement brûlée. D'ailleurs l'odeur de porc brûlé et de viande pourrie revint m'assaillir les narines.

    Je n'eus que le temps de me lever avant de voir Arnaud disparaître sous mes yeux, emporté dans le couloir à une vitesse impossible, puis la porte se referma dans un claquement assourdissant. Je courus jusqu'à la porte, mais je ne voulus pas y toucher, je ne voulais pas l'ouvrir. Je criai alors le nom d'Arnaud, j'ai bien dû rester là pendant une éternité à crier son nom, mais rien, aucune réponse.

    Et je n'avais pas osé ouvrir la porte : j'avais peur que cela soit encore derrière. Toujours comme aujourd'hui d'ailleurs : En effet, même maintenant j'ai encore la peur d'ouvrir une porte, mes parents m'ont amené chez le psychiatre après ce soir-là, mais je ne lui ai jamais rien dit, ni à personne d'ailleurs, pas même à mes parents. De toute façon, ils ne me croiraient pas.

    Personne ne revit jamais Arnaud, on m'a demandé si je l'avais vu ce soir-là, mais j'ai dit que non, et David en fit de même... : Lui, il passa un mois à l'hôpital, il s'était cassé le coccyx en tombant du toit... Et aussi bien lui que moi sommes maintenant toujours terrifiés quand nous nous retrouvons face à une porte fermée : Nous avons toujours peur qu'un jour cela vienne nous chercher à notre tour, nous n'osons plus ouvrir la moindre porte de peur qu'il soit de l'autre côté. Oui, nous avons et aurons maintenant toujours peur de ce qu'il peut y avoir... y avoir derrière la porte.
     
     
     
     
     
     
     

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    La cave

     

    La cave

      

     
     
     
    - Nicolas ! Nicolas ? Je vais aller travailler, tu peux descendre ?... Nicolas ?... tu es là ?

    - Hmmm...

    - Nicolas ! dépêches toi ! je dois y aller.

    - Heu... oui maman, j'arrive tout de suite !

    Nicolas était encore plongé dans un demi-sommeil. Il était pourtant onze heures du matin, mais c'était le mercredi, jour où il n'y avait pas école... : La contrepartie était d'y aller le samedi matin, mais il appréciait beaucoup la grasse matinée offerte en plein milieu de semaine ! A huit ans, même s'il aimait bien l'école, il adorait passer ces délicieux moments sous la couette, au chaud, au calme, et rester là, à rêvasser.

    Il dut se faire violence pour quitter la douce chaleur de son lit : Qu'est ce que veut me montrer maman ? se disait-il, d'habitude elle me laisse un petit mot, et ne me réveille pas. Néanmoins, pour ne pas faire attendre sa mère qu'il aimait par-dessus tout, il se leva et descendit vite au rez-de-chaussée... trop vite ! Il dérapa aux premières marches de l'escalier en bois, régulièrement ciré. Il faillit vraiment tomber à la renverse, mais se rattrapa à la rampe in-extremis... à son âge on a toujours de bons réflexes.

    - Oh ! Tu n'as rien ?

    - Non maman, c'est juste qu'en chaussettes cet escalier est une véritable patinoire !

    - Alors fais attention à ne pas descendre si vite, tu m'as fait peur !

    Carole, la mère de Nicolas, était terrifiée pendant le court instant où elle le vit perdre équilibre : Comme toutes les mères, elle imaginait toujours le pire. La petite poussée d'adrénaline qui en résulta lui laissa une sensation agréable et apaisante quand Nicolas, d'un pas modéré, descendait les dernières marches.

    - Pourquoi voulais-tu me voir maman ?

    - J'ai eu un problème avec la machine à laver.

    - Ah bon ?

    - Oui, ce matin, j'ai voulu faire une machine, mais j'ai plutôt obtenu une... inondation.

    Elle affichait un petit sourire tout en disant cela, elle essayait d'en plaisanter, mais cherchait surtout à dédramatiser et à se calmer elle-même.

    - J'ai épongé toute l'eau, et le sol est en train de finir de sécher. J'ai aussi appelé le réparateur, il doit passer cette après-midi.

    - Ah bon ? ah... heu... et quand il viendra, je devrais faire un truc ?

    - Oui, il faudrait que tu l'amènes à la machine à laver. C'est pour cela que je t'ai dit de venir, car maintenant je pense que tu es assez grand et que je peux laisser la porte de la cave ouverte, non ?

    - Heu... oui... bien sûr.

    Nicolas n'était jamais entré tout seul dans la cave de la maison, tout simplement parce que cette dernière était toujours fermée à clef : Marc, le père de Nicolas, disait qu'il « était encore trop jeune » et « que c'était donc trop dangereux pour lui qu'il traîne dans la cave ». En effet, Marc y avait son coin bricolage et craignait que son fils puisse s'y blesser - voire pire - avec ses outils. Du coup, la porte de la cave était maintenue fermée pour éviter un malheur. Nicolas avait eu l'occasion d'aller dans la cave, mais toujours avec ses parents, et il n'aimait pas trop cet endroit : Il le trouvait trop sombre, trop silencieux, triste avec ses murs de béton gris. Son imagination d'enfant y voyait moult dangers... et finalement cela ne l'embêtait pas que la porte en soit tenue fermée.

    - Tu viens ? je vais te montrer.

    - Oui m'man, je te suis.

    Carole et lui descendirent l'escalier en béton de la cave, il formait un « U » comme l'escalier qui monte à l'étage juste au-dessus de leurs têtes. Parvenus en bas, ils tournèrent à gauche et arrivèrent dans la pièce servant de buanderie, là où des fils pour étendre le linge étaient tendus entre les murs, et où se trouvait aussi la fameuse machine à laver ! On distinguait bien que quasiment toute une partie du sol autour de la machine était encore humide, mais à proprement parler il ne restait plus d'eau au sol.

    - Pfff ! Ca n'a pas été évident d'éponger toute cette eau ! Mais bon, apparemment il n'en reste plus... C'est bien pratique les serpillières, mais il faut quand même quelqu'un derrière pour s'en servir... et ça, ça l'est moins !

    - Faudrait inventer un robot qui passe la serpillière !

    - Ah, eh bien tu pourras l'inventer pour ta petite maman quand tu seras grand !

    - Hé-hé, oui !

    Nicolas disait vouloir devenir inventeur, c'est toujours mignon à cet âge-là de les entendre parler de ce qu'ils feront plus tard. Cela faisait maintenant un an que Nicolas disait vouloir devenir inventeur... De quoi ? ça il ne le disait pas ! Mais en même temps Carole et Marc ne voulaient pas briser ses rêves ni nuire à son ambition... : Elle aurait sûrement assez d'occasions pour s'émousser quand il grandirait !

    - Donc quand le réparateur viendra, tu l'amèneras à la machine. Marc a vérifié et ça ne vient pas de la canalisation, c'est la machine à laver qui à un problème d'étanchéité quelque part.

    - Ca n'a pas dû être évident de tout éponger !

    - Oh ça non ! mais bon, il fallait bien le faire... Bon ! je dois aller travailler, je dois y être pour onze heures et demie et je vais être en retard si je ne me dépêche pas.

    - Tu seras de retour quand ?

    - Ce soir, vers huit heures.

    Carole travaillait dans un des supermarchés de la ville en tant que caissière. Ses horaires étaient variables et aujourd'hui elle était d'après-midi.

    - Alors à ce soir mon poussin ! Et fait bien attention à ne pas faire de bêtise dans la cave ! De toute façon je ne pense pas qu'on continuera à la fermer à clef, tu es un grand garçon maintenant ?

    - Ben oui ! dit fièrement Nicolas.

    - Un petit bisou avant de partir ?

    Carole se pencha et tendit son visage tout sourire vers son fils, Nicolas d'un mouvement rapide déposa un petit bisou sur sa joue. Puis ils remontèrent ensembles l'escalier. Il la regarda chercher ses clefs de voiture dans son sac... elle les sortit, puis elle se tourna vers lui, le fixa tendrement quelques secondes, lui sourit, l'embrassa sur le front, se plaignit encore une fois d'être en retard, et sortit.



    Carole partie, Nicolas, toujours en chaussettes, remonta dans sa chambre afin d'aller enfiler un jean et ses chaussures. Au passage il prit son temps pour choisir une de ses bandes dessinées. Ainsi équipé, il descendit dans le salon, s'allongea sur le canapé, et s'afféra à sa lecture.

    Nicolas était toujours content d'avoir la maison pour lui tout seul, il était tranquille sans la surveillance de ses parents. Il faisait bien attention à ne pas y mettre le fouillis pour qu'ils continuent à lui faire confiance et le laissent seul à la maison le mercredi. Les activités ne manquaient pas : lire ses bandes dessinées, aller jouer sur l'ordinateur de papa, regarder la télé, ou aller fouiller un peu partout dans la maison ! Néanmoins, Nicolas faisait toujours en sorte de tout bien remettre en ordre et ne disait rien de ses explorations à ses parents, et il ne dit surtout rien à propos des revues bizarres qu'il avait trouvées dans leur chambre !

    Nicolas n'arrivait pas à se concentrer sur sa lecture, la cave l'obnubilait de plus en plus : La porte n'en était pas fermée à clef, et qui sait ce qui pourrait sortir de là ! Son imagination débordante de petit garçon lui laissait y voir de gros rats, des chauve-souris... ou les monstres qu'il voyait dans les films à la télé : Il y en avait peut-être un, qui, sorti de la cave, était maintenant là : Caché dans l'ombre, au coin d'un mur, respirant lourdement, bavant d'avance en pensant à sa prochaine victime. Et au moment opportun, il sortirait de sa cachette, ferait face à Nicolas en émettant un grognement sourd, en découvrant ses dents pointues encore rougies de sang, la bave coulant par longs filets de sa... gueule... Il s'approcherait lentement de Nicolas, grondant de plus en plus fort, et d'un coup... bondirait sur lui !

    - Hhhhiiiinnm ! maman !

    Nicolas sursauta, émergeant du demi-sommeil dans lequel il avait sombré juste quelques secondes. Il était allongé sur le canapé, en sécurité, sa bande dessinée entre ses mains, regardant devant lui, le regard vide. Il se sentait un peu honteux d'avoir ainsi appelé sa mère, surtout que maintenant c'était un « grand garçon » : il ne devait plus paniquer comme ça au moindre petit cauchemar !

    Il réalisa qu'il ne se rappelait plus si la porte de la cave était bien fermée : rien qu'à l'idée qu'elle puisse être ouverte la panique l'envahit. Il se leva d'un bond, avança dans le couloir et put constater que la porte de la cave était bien fermée : Il poussa un grand ouf de soulagement.

    Rassuré, il revint dans le salon et alluma la télé : Il était midi, et il n'y avait pas grand-chose d'intéressant. Il zappa machinalement pendant plusieurs minutes, puis s'arrêta. Il se trouvait vraiment stupide d'avoir eu peur comme ça : Après tout ce n'est qu'une cave ! pensait-il. Et s'il y avait des monstres dedans, pourquoi ne seraient-ils jamais montés à l'étage quand papa et maman étaient là, puisqu'ils laissent la porte parfois ouverte ? Fort de cette idée, il se sentait un peu idiot d'avoir eu tellement peur de cette cave.



    Il était maintenant midi, et la faim se faisait sentir. Il posa sa télécommande, et arrivé à la cuisine, fouilla dans le réfrigérateur... Il était tout seul, alors il pouvait très bien se faire un gros sandwich ! personne n'irait le gronder ! Il déposa une tranche de pain beurrée sur l'assiette, empila dessus du jambon, du fromage, des cornichons... puis encore du pain, un peu de beurre, du jambon, du fromage... et en fit une tour de trois étages successifs ! Alors muni aussi d'une bouteille de soda, il retourna sur le canapé, devant la télévision. C'était l'heure du journal télévisé et Nicolas le regarda tout en mangeant. Toutes les deux ou trois bouchées il prenait une bonne gorgée de soda tout en continuant à fixer la télévision. Son sandwich terminé, repu, Nicolas s'allongea, le journal télévisé annonçait à la chaîne les drames du monde : tous ses conflits, ses problèmes économiques, ses accidents de la route... Et il se dit qu'il était bien, là, en sécurité, allongé sur son canapé. Cette idée le rassura, et lentement, il ferma les yeux... et s'endormit.



    Une heure plus tard, Nicolas fut réveillé par le son de la télévision : Une publicité plus bruyante qu'une autre l'arracha brusquement de son sommeil. Il sursauta, puis regarda fixement la télé, l'air hébété. Pfff... j'aime pas les publicités ! pensa-t-il en fronçant les sourcils. Agacé, il éteignit la télé.

    Il resta là plusieurs minutes, sans bouger, assis sur le canapé, seul le « tic tac » de la pendule accrochée au mur ponctuait le silence : Il s'était remis à penser à la cave. Je suis idiot d'avoir peur de cette cave, ça n'a pas de sens ! ... Mais bon, j'en ai peur, qu'on me dise grand garçon ou pas ! ... Mais qu'est ce que j'en ai à craindre, il n'y a personne dans cette cave ! Le seul danger, ce sont les outils de papa, et je sais bien qu'il ne faut pas y toucher... C'est quand même la seule partie de la maison que je n'ai pas encore explorée, il doit y avoir plein de choses à découvrir ! Et puis s'il y avait un monstre dans cette cave, il serait venu me chercher depuis longtemps !

    Nicolas se leva en prenant son temps, il commençait juste à se diriger vers la porte de la cave quand il se dit : Hmmm... je jouerai bien aux jeux vidéos avant, finalement. Nicolas, qui avait peur, repartit donc jouer aux jeux vidéos dans le salon... Mais il n'était pas intéressé par sa partie et continuait de penser à la cave et à l'exploration qu'il pourrait y faire, tandis que sa peur continuait de lui dicter de ne pas y aller. Au bout d'un quart d'heure, s'apercevant que sa partie l'intéressait à peine, il éteignit la console et resta là, comme auparavant, assis sur le canapé, accompagné du son de la pendule accrochée au mur.

    Bon allez, j'y vais ! Nicolas se leva d'un bon du canapé, se dirigea d'un pas ferme vers la porte de la cave, et en la voyant, fut paralysé par la peur : La porte qui, au moment où il était allé chercher son sandwich était fermée, était maintenant entrouverte ! Il s'arrêta net, il ne bougea pas d'un millimètre, les muscles tendus, il tremblait légèrement, comme sur le point d'exploser. Son esprit, en dépit de la panique, cherchait à analyser la situation : Comment ça se peut ! Ca n'est pas possible ! QUI a ouvert la porte ? sûrement pas moi ! Et s'il y avait quelqu'un dans la cave au moment où j'ai été prendre mon sandwich... Vu que la porte est maintenant ouverte... alors... il est peut-être ici !. Cette idée le terrifia de nouveau, il avait envie de crier et d'appeler sa mère, mas ce n'était pas le moment de faire du bruit. Il tremblait encore beaucoup, il sentait ses membres ankylosés, mais il se mit à marcher lentement vers la porte. Centimètres après centimètres il découvrait l'intérieur de l'escalier : l'idée que quelqu'un pouvait être là, se tenant debout sur les marches, le terrifiait. Il finit par arriver devant la porte ouverte : il n'y avait personne. Il descendit alors la première marche de l'escalier et se colla le dos au mur pour se rassurer : ainsi on ne lui sauterait pas dessus par derrière. Nicolas avait peur et essayait de se calmer : lentement il ferma les yeux, essayant de retrouver un peu de sérénité.



    « BLAM ! »



    La porte avait claqué en se refermant d'un coup. Nicolas eut une fulgurante montée d'adrénaline, poussa un cri et sursauta. Le seul problème était que son sursaut le fit légèrement décoller des marches, et il ne se réceptionna pas bien dessus. « Oh, noonnn !» gémit-il : Nicolas tombait à la renverse, il essaya de se raccrocher à la rampe... mais il n'y en avait pas dans l'escalier de la cave. Complètement terrifié, il ferma alors les yeux. Il sentit une violente douleur à une jambe, suivit d'un élancement fulgurant à la tête... puis plus rien.



    Quand il ouvrit les yeux à nouveau, il avait très mal à la tête ainsi qu'à la jambe droite. La douleur était forte mais supportable. Il se trouvait en bas de l'escalier, couché sur le sol, en chien de fusil, les yeux ouverts : Quelqu'un a dû claquer la porte de la cave pour me faire peur... Alors, pourquoi je suis là, seul... et encore vivant ? Peut-être est-il juste derrière moi à attendre que je me réveille... et qu'est ce qu'il m'arrivera alors si je bouge ?... Non, il ne faut pas... peut-être que tant que je resterai immobile, rien ne se passera !

    Nicolas ne bougea pas pendant un bon quart d'heure, scrutant la pénombre de l'escalier. J'ai fait une sacrée chute, même le virage dans l'escalier ne m'a pas arrêté, j'ai dévalé tout l'escalier de haut en bas ! Et qu'est ce que j'ai mal ! Nicolas se risqua alors à bouger, lentement, au moins pour savoir s'il était blessé ou non : Il se déplia doucement, puis pivota sur le dos... et rien ne se passa, personne derrière lui qui ne lui sauta dessus. Rassuré, prenant alors appui sur ses coudes, il se redressa un petit peu. Il pouvait maintenant observer toute la cave : La lumière du jour éclairait faiblement à travers les soupiraux. Les murs étaient toujours gris, comme le plafond, comme le sol... Nicolas tourna lentement la tête : à sa droite, l'escalier d'où il venait, plongé dans la pénombre. Il y avait aussi, encore plus à droite, un passage donnant sous l'escalier où étaient entreposées les bouteilles pour les repas. Devant lui, la pièce où se trouvait un frigo, une gazinière et une table, ces derniers servaient comme cuisine d'appoint : Sa mère l'utilisait pour les grands repas, ou les longues cuissons. A sa gauche, le coin où son père bricolait, et aussi un débarras où étaient entreposées les vieilles choses dont on avait plus besoin mais « qui pourraient servir un jour ». Derrière lui, il y avait la buanderie, où se trouvait cette foutue machine à laver qui avait bien choisi son jour pour tomber en panne !

    Nicolas, rassuré de ne voir personne, se retourna en prenant appuis sur ses mains et commença à se relever. Sa cheville droite le faisait souffrir : Il fit un pas en boitant, la douleur était tout juste supportable pour marcher un peu, mais il serrait les dents, il ne voulait pas rester là, il voulait monter à l'étage et appeler sa mère au téléphone. Il voulait aussi ensuite sortir de la maison : il ne voyait pas d'autre moyen de sortir que par le rez-de-chaussée : La cave n'avait pas d'ouverture sur l'extérieur et il y avait des barreaux aux soupiraux... Il ne cessait aussi de se demander où pouvait bien être « l'autre » dans la maison : Peut-être allait-il revenir ? Peut-être était-il tout près de lui, là, dans la cave ? Nicolas voulut allumer la lumière pour se rassurer, appuya sur un interrupteur à portée de main : « clic »... mais rien ne se passa, « clic, clic, clic, clic... » toujours rien. Nicolas se sentait gagner par la panique. En boitant, en prenant appui contre le mur, il se traîna vers les interrupteurs des autres pièces, espérant que ce ne soit qu'une ampoule de grillée... Mais non, il n'y avait plus de courant : rien ailleurs ne s'allumait. Nicolas sanglota, maintenant il avait vraiment très peur et luttait pour ne pas paniquer. Il parvint au bout de quelques minutes à contenir ses larmes et à se calmer un peu. Puis, lentement, marche après marche, il gravit l'escalier. Chaque pas lui provoquait un élancement de douleur à sa cheville droite, et ce foutu mal de tête persistait...

    Comme il formait un « U » et qu'il n'y avait pas de fenêtre, sans électricité le haut de l'escalier ne recevait que peu de lumière de la cave. Parvenu en haut, malgré l'obscurité, il y voyait toujours, ses yeux s'étant accoutumés à la pénombre. Il saisit la poignée de la porte, la tourna, poussa, mais elle ne s'ouvrait pas, elle restait obstinément fermée ! Le sang de Nicolas ne fit qu'un tour, il n'y avait plus un doute, quelqu'un, ou quelque chose, lui voulait du mal. « Mmaaammaaaaannn », cria-t-il du plus fort qu'il pouvait : Il paniquait complètement, il frappait la porte à coups de poings, mais elle restait obstinément fermée... rien à faire. Il pleurait maintenant sans retenue et hurlait à sa mère tout en secouant la porte comme un forcené, mais la porte s'obstinait à rester fermée.



    Les minutes passèrent, Nicolas, résigné, avait progressivement repris son calme. Maintenant assit sur les marches, sanglotant encore, il réfléchissait : Qu'est ce que je peux faire... Je peux toujours crier pour que le réparateur m'entende quand il viendra... si seulement il vient... pfff... je ne peux pas compter là-dessus... il faut que je me débrouille tout seul... je ne vais pas rester là à ne rien faire, il doit bien y avoir moyen d'ouvrir cette porte... peut être avec les outils de papa !... Hmmm... l'arrache-clou ! ça pourrait marcher pour ouvrir la porte ! Et puis aussi je ne serais pas sans rien dans les mains au cas où je viendrais à croiser quelqu'un...

    Décidé à descendre chercher le pied-de-biche qu'il avait déjà vu traîner près de l'établi de son père, Nicolas se releva péniblement. Lentement, il descendit les premières marches, la douleur à sa jambe ne se laissait pas oublier même si elle ne l'empêchait pas de marcher. Aussi, il ne se rappelait pas qu'il faisait si sombre vers le bas de l'escalier. Marche après marche, cette impression se confirmait : la cave semblait plongée dans la pénombre. Tout tremblant, parvenu avec peine en bas de l'escalier, il scruta vers les soupiraux : il devait faire nuit dehors car quasi aucune lumière ne filtrait au travers. Nicolas, terrifié, regarda sa montre pour vérifier, il était deux heures de l'après-midi... Et il y avait aussi ce silence : il n'entendait aucun autre son, pas même les chants des oiseaux au dehors. Alarmé, Nicolas retint son souffle, cherchant à entendre ne serait ce qu'un léger bruit, rien qu'un. Il était seul, enfermé, debout dans l'obscurité d'une cave bien trop sombre et silencieuse pour l'heure. Les larmes affluèrent à ses yeux, de lourds sanglots s'emparèrent de lui, il s'avachit sur le sol, désorienté, désespéré. Il demeura ainsi jusqu'à prendre peur à l'idée de rester comme ça, sans même être caché, en bas des marches. Il se remit debout tout en essuyant ses larmes et se traîna lentement. Il enjamba les rangées de bouteilles et progressa jusqu'au plus profond de sous l'escalier. Au moins ici personne ne me trouvera... A moins de venir regarder sous l'escalier, on ne me verra pas... Et de toute façon avec cette obscurité je suis tranquille ! Ses larmes cessèrent, il s'assit et se recroquevilla sur lui-même, il gardait les yeux grand ouverts, il avait peur et ne voulait pas s'endormir. Puis les minutes passèrent... progressivement son calme revint... : Il se détendait, il se sentait en sécurité, là, lové sous les marches... Alors lentement ses yeux se refermèrent... et doucement, il s'assoupit...



    « frrr... frrr... »

    ...

    « frrr... crrr... »

    ...

    Son nez frémit quelque peu, ses paupières s'entrouvrirent, encore englué dans un demi-sommeil, il tendit l'oreille...

    « crrr... crrr... »

    Il ne le rêvait pas, il entendait bien le son d'un grattement. Nicolas ouvrit mollement les yeux, et s'assis en tailleur...

    « crrrr... ccrrrrr... »

    Quelque chose grattait tout près de lui, il le percevait maintenant bien... et ça venait d'à côté de ses pieds ! Il suffoqua tellement l'effroi l'avait pris par surprise : Non, ce n'est pas possible, qu'est ce qui gratte comme ça sous le béton, ç'est impossible ! Sous le sol il n'y a que de la terre !

    « crrcrrccrrrrr... »

    Comme si le bruit voulait lui donner tort, le grattement, impassible, continuait. Terrifié, Nicolas se releva d'un bond et se cogna violemment la tête contre le dessous de l'escalier. Le coup fut violent : une douleur forte et vive inonda le dessus de son crâne, puis elle fit progressivement place à une douleur plus lancinante et pulsative...

    « crrrrccCrrrrCCCRRrrrr... »

    Nicolas oubliant sa douleur rouvrit brusquement les yeux et regarda devant ses pieds : là d'où venait le son...

    « cccCCCCRRRRRrrrrrr... »

    Le béton se craquela sur une petite surface, puis des petits morceaux s'en détachèrent.

    La partie de béton déjà bien craquelée se brisa. Maintenant il pouvait discerner dans la pénombre un petit trou dans le sol. Nicolas, terrorisé, ne bougeait pas, comme une obsession il se demandait ce qui allait bien pouvoir sortir de ce petit trou.

    Le béton se rompit sur une plus grande surface. Une forme noire, poilue émergea du trou... il lui sembla aussi discerner des griffes !

    Ce coup-ci une espèce de gros bras velu et noir sortit du trou. Immobile quelques secondes, il s'agita subitement dans tous les sens, cherchant visiblement à agripper quelque chose. Nicolas, les yeux grand ouverts, ne bougeait plus, ne pensait plus : la terreur l'envahissait.

    Puis les deux « bras » sortirent. Nicolas, comme devenu fou, se mit à gindre et à frapper du poing contre le mur en brique derrière lui tout en continuant à fixer le trou et ce qui en sortait : Les deux bras, repliés, tâtaient le sol tout autour. Nicolas continuait à battre le mur du poing, d'un rythme régulier, très fort, se blessant la main jusqu'au sang : il ne sentait plus la douleur, son esprit, sa raison, avaient déjà fui.

    D'un coup Nicolas se tut, ce qu'il réalisa le fit subitement émerger de sa torpeur : cette fois-ci, c'est la tête qui va sortir ! c'est la tête de cette chose qui va sortir ! oh non, je veux m'enfuir, je veux partir, à l'aide ! Nicolas n'eut pas le temps de réagir que la tête surgit du trou : une tête poilue, noire, comme le reste du corps qui dépassait. Elle lui paraissait ressembler à une tête de chien, avec une gueule proéminente, bien trois fois plus grosse qu'à la normale. La « chose » se tordit brusquement le cou en direction de Nicolas et le fusilla du regard, ses yeux jaunes sales ressortaient sur son pelage noir. Il se mit à grogner, comme un chien prêt à mordre... « MMMaaaaMMMaaaaAAAANNNN !!! » : Nicolas hurla, et tout à coup, un éclair de lucidité le traversant, il bondit pour sortir de sous l'escalier, puis couru, renversant les bouteilles au passage, il vira tout de suite à droite, gravit à toute allure les marches de l'escalier, se jeta sur la porte, et saisit la poignée à deux mains pour essayer de l'ouvrir... mais malgré son acharnement, elle résistait. Totalement pris de panique, il se plaqua contre la porte, hurla à l'aide, tambourina la porte de ses deux poings, le plus fort qu'il pouvait... mais en vain.



    Finalement épuisé, renonçant à hurler et à cogner plus encore, Nicolas, désespéré et en pleurs, s'avachit sur les marches... Il crut subitement entendre un son, il se tut sur-le-champ, oreilles grandes ouvertes. Dans le silence qui fit place, il espérait entendre la voix de quelqu'un derrière la porte, mais rien, aucun son... à part un bruit de verre brisé dans la cave ! Ce qu'il réalisa immédiatement l'épouvanta : La chose devait maintenant se trouver dans les débris des bouteilles qu'il avait cassées en s'enfuyant... elle était sortie du trou ! Et il était à sa merci, coincé, en haut de l'escalier ! Il n'y avait pas un instant à perdre, et Nicolas dévala l'escalier en trombe.

    Survenu aux dernières marches, il entrevit à sa gauche apparaître une patte de la bête, grosse et velue... : la bête allait l'attraper en bas de l'escalier... Peut-être que s'il virait à droite, il pourrait peut-être passer in-extremis. A la dernière marche, Nicolas saisit le bord du mur à sa droite et effectua un quart de tour extrêmement rapide. Il sentit le souffle fétide de la bête, mais sans s'arrêter il se précipita jusqu'au fond de la pièce où se trouvait la gazinière, et s'arrêta net, ne pouvant aller plus loin : Et maintenant je fais quoi ? j'ai un peu plus de place que dans l'escalier, mais je suis toujours coincé... je ne peux rien faire, je suis perdu... maman... non !

    Nicolas, tout tremblant, les yeux mis clos, se retourna lentement, et recula de quelques pas en apercevant la bête : Elle se tenait debout à l'entrée de la pièce, elle était énorme, grosse, ventre bombé... Elle se tenait recourbée et touchait presque le plafond, sa gueule était entrouverte, monstrueusement démesurée par rapport à sa tête, ses yeux jaunes sales fixaient sans broncher Nicolas. La bête restait là sans bouger, son regard semblait lui dire : « Je vais te bouffer, je vais te dévorer entièrement, lentement, et je vais te savourer. Tu vas souffrir et beugler avant de mourir dans ma gueule, tu vas pisser le sang, et je me ferais un plaisir de tout lécher... je n'aime pas gâcher ».

    Affolé, à la recherche désespérée d'une échappatoire, Nicolas se retourna, faisant face à la gazinière... « wwwWOOOOUUUUFFFF » ! D'énormes flammes bleues d'au moins un mètre de haut jaillirent des brûleurs. Nicolas, désemparé, recula de quelque pas, la chaleur des flammes inondait son visage. N'ayant d'autre choix que de faire face à la bête, il se retourna : celle-ci avait commencé à avancer, mais si lentement que Nicolas pensa que son poids devait l'empêcher de se mouvoir vite, ou alors... qu'elle prenait son temps !

    Nicolas transpirait à grosses gouttes. Désemparé, il regardait, yeux écarquillés, la bête avancer vers lui. A quoi bon bouger ? pour aller où ? pour quoi faire ? où fuir ? qu'est ce que je peux faire contre une chose pareille ! Puis une idée déboula subitement dans son esprit : Pourquoi finalement ne pas se servir du pied-de-biche qui se trouvait dans le coin bricolage de son père ! Il ne pourrait sûrement pas tuer la bête avec, mais tout du moins lui faire mal et peut être la faire fuir... de toute façon, pour l'heure il n'avait pas d'autres idée. Brusquement Nicolas se rua vers la sortie de la pièce. Il plissa les yeux, car l'impulsion que demanda sa course déclencha un éclair de douleur à sa cheville droite. Manquant de place, il frôla le corps massif de la bête et sentit le contact rêche des poils de sa fourrure... mais aussi de ses griffes pointues qui pénétrèrent son cuir chevelu : La douleur fut atroce et s'ajouta en prime à son mal de tête qui persistait. N'arrêtant pas sa course pour autant, la peau de son cuir chevelu se déchira, le libérant du coup de patte que la bête lui avait asséné. La douleur était insupportable, elle pulsait, il la ressentait partout dans le haut de son crâne.

    Il courut jusqu'au coin bricolage de son père, mais ne voyait pas le pied-de-biche. Paniqué, il fouilla partout sur l'établi : mais rien. Il se retourna et l'effroi s'empara de lui quand il vit la bête à quelques mètres de lui. Pensant soudain à chercher sous l'établi, il se baissa et découvrit un carton duquel dépassait l'arrache-clou. Sans hésiter, il empoigna le carton et le tira vers lui, saisit le pied-de-biche, et se retourna de suite : La bête se tenait maintenant à deux mètres de lui, elle s'arrêta net quand Nicolas lui fit de nouveau face. Pris comme d'une rage de désespoir, Nicolas hurla, brandit l'arrache-clou, effectua un mouvement ample et circulaire et le pied-de-biche vint s'écraser sur le côté droit du bassin de la bête. On entendit un grand « CRAC », des petits éclats de bois volèrent en tous sens : Une moitié du pied-de-biche tomba au sol, l'autre restant encore dans les mains de Nicolas qui se tenait debout, pétrifié, ne comprenant plus rien à ce qui se passait. Ces genres de trucs ne sont pas en bois ! j'en suis sûr, ça n'est pas possible ! Après la gazinière, l'arrache-clou... je deviens fou, j'en peux plus ! Il se rendit subitement compte d'un bourdonnement dans ses oreilles, plutôt léger, comme si des abeilles volaient au loin autour de lui. Le mal de tête quant à lui était toujours très fort, quasi insupportable.

    Dans un sursaut désespéré, Nicolas se mit à courir, contourna la bête, et se précipita vers la buanderie, là où il n'avait pas encore été, espérant sans y croire y trouver une échappatoire. Il courut jusqu'au fond de la pièce, en dessous du soupirail si désespérément scellé par les barreaux. Le bourdonnement dans ses oreilles se faisait de plus en plus fort, de plus en plus présent.

    « Bang ! Bang ! » 

    Nicolas sursauta, il se retourna vers l'endroit d'où provenait le son : La machine à laver bougeait ! elle se basculait d'un côté à l'autre et ainsi se déplaçait ! Même si son déplacement semblait grotesque, le bruit métallique que cela produisait était effrayant. Pétrifié, Nicolas regardait, spectateur impuissant, la scène hallucinante et terrifiante qui se déroulait sous ses yeux.

    « Bang ! BANG ! Bang ! BANG ! Bang ! BANG ! »

    La bête se tenait à l'entrée de la pièce, la machine à laver vint se placer derrière elle... bloquant ainsi l'entrée ! Ce coup-ci, Nicolas comprit qu'il ne pourrait pas s'échapper, qu'il ne pouvait plus rien faire pour éviter la fin inéluctable. La bête émit un grognement, comme un chien avant d'attaquer. Elle s'approcha lentement de Nicolas, qui restait figé, désespéré, paralysé par la peur et l'idée de sa propre mort. Le grognement de la bête se fit plus fort, arrivé tout près de Nicolas, elle ouvrit sa gueule et dévoila deux rangées de dents longues d'au moins cinq centimètres... Elle regardait fixement le visage de Nicolas, de sa gueule ouverte coulait un filet de bave, sa langue pendouillait... : le monstre bavait devant son repas.

    Les bourdonnements devenaient insupportables, il n'entendait plus que ça, on aurait dit qu'il avait deux essaims d'abeilles à la place des oreilles. Le mal de tête devenait si fort qu'il avait envie de hurler pour se libérer de la douleur.

    Et la bête se pencha sur lui.

    La dernière image qu'il vit fut l'intérieur de sa gueule, le dernier son qu'il entendit fut le grand « crac » que firent les os de son crâne pris sous les dents de la bête... Il ne sentit aucune douleur supplémentaire, de toute façon elle était déjà insupportable. Le bourdonnement continuait, et tout se mit à tourner, vite, de plus en plus vite, le bourdonnement était maintenant complètement assourdissant... et tout tournait... et tournait encore... et encore...

    Et puis plus rien.



    Carole rentra de son travail le soir, à huit heures, comme prévu.

    - Nicolas ?

    Pas de réponse.

    - Nicolas ?

    Toujours rien.

    Carole monta à l'étage, mais son fils ne s'y trouvant pas, elle décida d'aller voir à la cave. Tiens ! la porte de la cave est entrouverte... C'est vrai qu'elle ferme mal quand elle n'est pas fermée à clef... J'espère que Nicolas n'a pas pris peur... En plus comme par-dessus le marché elle claque à cause des courants d'air de la maison...

    Elle alluma la lumière de l'escalier, et descendit. Arrivée à mi-parcours, elle hurla, elle hurla si fort qu'on l'entendit dans tout le pâté de maison : Nicolas gisait, étendu en bas de l'escalier, bras et jambes écartés, yeux écarquillés, sa langue pendant grotesquement hors de sa bouche. De son petit nez coulaient deux filets de sang qui avaient coagulé et formaient deux petites flaques sur le sol de chaque côté de sa tête.

    L'analyse du corps révéla que Nicolas était tombé dans l'escalier : il s'était cassé la cheville droite, mais avait surtout écopé d'une hémorragie cérébrale, il ne s'était donc jamais relevé après sa chute dans l'escalier et était resté dans le coma... jusqu'à sa mort qui survint peu après.



    Sans hésiter, il empoigna le carton et le tira vers lui, saisit le pied-de-biche, et se retourna de suite : La bête se tenait maintenant à deux mètres de lui, elle s'arrêta net quand Nicolas lui fit de nouveau face. Pris comme d'une rage de désespoir, Nicolas hurla, brandit l'arrache-clou, effectua un mouvement ample et circulaire et le pied-de-biche vint s'écraser sur le côté droit du bassin de la bête. On entendit un grand « CRAC », des petits éclats de bois volèrent en tous sens : Une moitié du pied-de-biche tomba au sol, l'autre restant encore dans les mains de Nicolas qui se tenait debout, pétrifié, ne comprenant plus rien à ce qui se passait. Ces genres de trucs ne sont pas en bois ! j'en suis sûr, ça n'est pas possible ! Après la gazinière, l'arrache-clou... je deviens fou, j'en peux plus ! Il se rendit subitement compte d'un bourdonnement dans ses oreilles, plutôt léger, comme si des abeilles volaient au loin autour de lui. Le mal de tête quant à lui était toujours très fort, quasi insupportable.

    Dans un sursaut désespéré, Nicolas se mit à courir, contourna la bête, et se précipita vers la buanderie, là où il n'avait pas encore été, espérant sans y croire y trouver une échappatoire. Il courut jusqu'au fond de la pièce, en dessous du soupirail si désespérément scellé par les barreaux. Le bourdonnement dans ses oreilles se faisait de plus en plus fort, de plus en plus présent.

    « Bang ! Bang ! » 

    Nicolas sursauta, il se retourna vers l'endroit d'où provenait le son : La machine à laver bougeait ! elle se basculait d'un côté à l'autre et ainsi se déplaçait ! Même si son déplacement semblait grotesque, le bruit métallique que cela produisait était effrayant. Pétrifié, Nicolas regardait, spectateur impuissant, la scène hallucinante et terrifiante qui se déroulait sous ses yeux.

    « Bang ! BANG ! Bang ! BANG ! Bang ! BANG ! »

    La bête se tenait à l'entrée de la pièce, la machine à laver vint se placer derrière elle... bloquant ainsi l'entrée ! Ce coup-ci, Nicolas comprit qu'il ne pourrait pas s'échapper, qu'il ne pouvait plus rien faire pour éviter la fin inéluctable. La bête émit un grognement, comme un chien avant d'attaquer. Elle s'approcha lentement de Nicolas, qui restait figé, désespéré, paralysé par la peur et l'idée de sa propre mort. Le grognement de la bête se fit plus fort, arrivé tout près de Nicolas, elle ouvrit sa gueule et dévoila deux rangées de dents longues d'au moins cinq centimètres... Elle regardait fixement le visage de Nicolas, de sa gueule ouverte coulait un filet de bave, sa langue pendouillait... : le monstre bavait devant son repas.

    Les bourdonnements devenaient insupportables, il n'entendait plus que ça, on aurait dit qu'il avait deux essaims d'abeilles à la place des oreilles. Le mal de tête devenait si fort qu'il avait envie de hurler pour se libérer de la douleur.

    Et la bête se pencha sur lui.

    La dernière image qu'il vit fut l'intérieur de sa gueule, le dernier son qu'il entendit fut le grand « crac » que firent les os de son crâne pris sous les dents de la bête... Il ne sentit aucune douleur supplémentaire, de toute façon elle était déjà insupportable. Le bourdonnement continuait, et tout se mit à tourner, vite, de plus en plus vite, le bourdonnement était maintenant complètement assourdissant... et tout tournait... et tournait encore... et encore...

    Et puis plus rien.



    Carole rentra de son travail le soir, à huit heures, comme prévu.

    - Nicolas ?

    Pas de réponse.

    - Nicolas ?

    Toujours rien.

    Carole monta à l'étage, mais son fils ne s'y trouvant pas, elle décida d'aller voir à la cave. Tiens ! la porte de la cave est entrouverte... C'est vrai qu'elle ferme mal quand elle n'est pas fermée à clef... J'espère que Nicolas n'a pas pris peur... En plus comme par-dessus le marché elle claque à cause des courants d'air de la maison...

    Elle alluma la lumière de l'escalier, et descendit. Arrivée à mi-parcours, elle hurla, elle hurla si fort qu'on l'entendit dans tout le pâté de maison : Nicolas gisait, étendu en bas de l'escalier, bras et jambes écartés, yeux écarquillés, sa langue pendant grotesquement hors de sa bouche. De son petit nez coulaient deux filets de sang qui avaient coagulé et formaient deux petites flaques sur le sol de chaque côté de sa tête.

    L'analyse du corps révéla que Nicolas était tombé dans l'escalier : il s'était cassé la cheville droite, mais avait surtout écopé d'une hémorragie cérébrale, il ne s'était donc jamais relevé après sa chute dans l'escalier et était resté dans le coma... jusqu'à sa mort qui survint peu après.
     
     
     
     
     
     
     

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